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Sexe, parlons-en mais sachons comment !
Publié dans Business News le 12 - 05 - 2017

Le sujet choque, perturbe, gêne et peut même susciter les réactions les plus violentes en Tunisie. Pourtant la sexualité est de plus en plus représentée et abordée par les médias tunisiens et les émissions qui y sont dédiées, souvent sous couvert de faits de société, prolifèrent dans le paysage médiatique du pays.

Une tendance à priori louable, tant la problématique sexuelle impacte directement la société dans son ensemble, mais qui semble malheureusement avoir été abordée sous un angle plutôt populiste et sensationnel. Pour recadrer cela et dans l'objectif de mieux cerner le phénomène et d'y apporter un cadre de référence nécessaire à limiter les dépassements en tous genres, la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) et la Société Tunisienne de Sexologie Clinique (STSC), ont organisé ce vendredi 12 mai 2017, un atelier dédié à l'approche médiatique des sujets liés à la sexualité.
Cet atelier a été l'occasion de faire un brainstorming, entre les spécialistes, médecins, sexologues et psychiatres, ainsi que des sociologues, journalistes et membres de la HAICA sur le cadre référentiel à adopter pour traiter ce genre de sujets sensibles.

Un rapport de la HAICA précise que, depuis quelques années,le contenu à caractère sexuel est de plus en plus présent dans le paysage médiatique tunisien et surtout dans les radios, dans des émissions de téléréalité ou les talkshows.
Les observateurs de la HAICA ont soulevé un certain nombre de remarques, dont notamment l'absence d'experts ou de spécialistes dans les émissions où la sexualité est évoquée, ce qui fait dériver un bon nombre de programmes vers le sensationnel. « La recherche du Buzz est aussi omniprésente, notamment par le recours à des termes bien précis, qui n'ont souvent rien à avoir avec le sérieux des sujets abordés, ou à des détails gênants et non pertinents » précise la même source.
« Nous avons décidé d'opter pour une approche participative pour aborder ce sujet. A ce titre nous avons organisé cet atelier et avons tenu à être partenaires avec la STSC pour que nous puissions élaborer un document de référence, comme nous l'avons fait avec le cas des sujets relatifs au terrorisme, pour encadrer et dresser un cadre de référence qui serve de guide aux journalistes et animateurs. Dans ce cadre, cet atelier de sensibilisation mais aussi de formation permettra de déboucher sur des recommandations et des conseils pratiques à prendre en compte lors du traitement de ce genre de sujets » a indiqué, à l'occasion, Radhia Saïdi, membre de la HAICA.
« Ce genre de sujets est pluridimensionnel et nous avons choisi de parler de régulation et d'autorégulation dans le cas des sujets relatifs à la problématique de la sexualité. En Tunisie nous avons opté, comme pour la plupart des pays européens, pour une régulation basée sur les droits publics. A ce titre, les médias ne sont pas considérés comme des entités commerciales mais plutôt sous l'angle de la portée culturelle qu'ils détiennent » a souligné, pour sa part, Hichem Snoussi, également membre de la HAICA.
« La liberté d'opinion n'est pas la liberté d'expression, et si la première est quasi absolue la seconde est soumise à des règles et doit respecter un certain nombre de points. Si nous revenons au décret-loi 116 qui régit la HAICA nous retrouvons ces règles qui édictent le respect de l'intégrité de l'individu, des droits de l'Homme et de l'enfant comme ce que nous trouvons d'ailleurs dans les référentiels internationaux. Ces codes d'éthique n'ont regrettablement pas le même poids ici qu'en occident » a-t-il ajouté.

Soukeina Abdessamad, SG du SNJT, a indiqué, dans ce sens, que le journaliste ne doit pas oublier qu'il est un leader d'opinion et qu'il doit porter la responsabilité de ce qu'il dévoile. Elle a rappelé qu'il doit se plier à tous les codes professionnels et éthiques « peu importe où il publie ses articles, ses opinions etc.
Ines Derbel, psychiatre spécialiste en sexologie et membre de la STSC a souligné le rôle des médias dans l'éducation sexuelle, « un sujet encore tabou ». Elle a expliqué que les médias constituent une source d'information non négligeable et ont une certaine crédibilité qui rend la véracité de ces informations très importante.
« Ils ont donc une responsabilité sociale, à travers la sensibilisation et l'information, envers le public cible. Il est primordial de traiter ce genre de sujets et de souligner qu'ils font aussi partie de la sphère publique et sociale et non uniquement du domaine du privé. En parler oui mais surtout savoir véhiculer l'information ! » A-t-elle précisé.
« Les médias cherchent l'audimat, certes, mais il ne faut pas perdre le vue le volet préventif et informatif de ces sujets délicats et souvent très méconnus et sujets à des opinions basées sur les clichés et les préjugés. Il faut éviter le piège de la surreprésentation qu'on constate souvent en Tunisie, notamment pour le cas des agressions sexuelles parfois surmédiatisées. Cela peut avoir un effet contraire à l'objectif primordial qui est de sensibiliser sur le sujet. La sexualité englobe plusieurs volets dont les aspects affectifs, émotionnels et culturels. C'est un sujet très vaste sur lequel il n'y a pas de tabous, tous les sujets méritent d'être traités si on sait les aborder de la bonne manière » a déclaré Mme Derbel.


Pour octroyer au sujet de la sexualité l'importance et le sérieux avec lequel il doit être traité la psychiatre a donné quelques conseils pratiques aux journalistes présents. Ainsi, selon Ines Derbel, un journaliste qui souhaite aborder un sujet lié à la sexualité doit d'abord :
-Bien préparer son émission et se documenter auprès des spécialistes sur le sujet ;
-Préparer un cadre général à l'émission pour cerner les limites, les lignes rouges à ne pas dépasser, les points importants à aborder et pour établir un fil conducteur à l'émission ;
-Rappeler que le but est de sensibiliser et non le sensationnel et toujours dire qu'en parler ne banalise pas et n'encourage pas ;
-Faire en sorte que l'information préparée et diffusée soit exempte de sexisme, de préjugés et de stéréotypes ;
-Eviter la précision de détails, souvent sordides, non nécessaires à la description des faits ;
-Laisser son background de côté et se baser sur des faits et des données objectives ;
-Libérer l'information de dramatisation, et éviter de provoquer émotionnellement le public dans le but de créer le Buzz ;
-Adopter un vocabulaire précis et approprié et utiliser des termes scientifiques ;
-Eviter le piège de parler de religion quand on aborde ce genre de sujets, rappeler qu'il s'agit de traiter le volet scientifique de la chose et que le domaine de la religion est réservé aux connaisseurs ;
-Ne pas se limiter aux témoignages et faire appel à des experts agréés et crédibles pour aborder l'aspect plus général du sujet choisi ;
-Respecter l'anonymat ;
-Respect de l'éthique médicale et ne pas demander à ce que le spécialiste procède à des consultations en direct ;
-Encourager la recherche d'aide et communiquer sur les ressources disponibles .

Ces conseils, bien qu'ils puissent paraitre élémentaires, sont à graver dans la pierre. Car si cet atelier s'est tenu c'est en grande partie suite aux scandales incessants suscités par des émissions à caractère social mais qui versent le plus souvent dans le sensationnel. Nous nous rappellerons notamment du cas très médiatisé d'un animateur qui a cru bon de conseiller au père d'une jeune femme agressée de marier sa fille à son violeur. D'autres cas similaires, où le journaliste ou animateur a estimé juste de s'impliquer dans le débat comme l'aurait fait un citoyen lambda bourré de jugements, ont été exposés.
Il en est ressorti une divergence d'opinions sur le rôle attribué aux journalistes et la nécessité de revoir ou plutôt de rappeler les exigences du métier, dans le traitement des sujets sensibles ou d'autres plus généraux. Il nous a aussi été donné de constater que parfois les dépassements peuvent être dus à une réelle méconnaissance de l'approche à adopter, ce à quoi la HAICA œuvrera désormais à rectifier.

La sociologue Fathia Saïdi a pointé du doigt un autre aspect important en la matière. Elle a expliqué que les médias créent l'opinion publique et que leur impact est de ce fait important. « Le journaliste ou l'animateur doit faire très attention à sa communication non-verbale qui peut parfois décrédibiliser son message verbal. Ceci est très important dans le traitement des sujets à portée sociale, car le social est politique. Ces programmes sont au cœur de la société et en relation directe avec tous ses défis. Nous sommes en pleine transition démocratique où le rôle des médias est primordial. La question à se poser est s'ils soutiennent cette transition ou pas et quel est donc le cadre référentiel du travail journalistique qui en découle » a lancé Mme Saïdi.
« Le soutien de la démocratie ne passe pas uniquement par la politique comme on a tendance à le croire mais par le social. Il faut donc établir le modèle social visé et la culture à défendre. Souvent il n'est pas gratuit d'avoir recours à des « experts religieux » dans ce genre d'émissions, car les journalistes eux-mêmes évitent de trancher sur le modèle qu'ils souhaitent défendre. Ils se préservent car ils savent que la société est divisée, alors que le rôle éducatif et culturel des médias est avéré et qu'à la place de tomber dans les stéréotypes « populaires » il faudrait faire preuve de professionnalisme et d'objectivité » a-t-elle souligné.
La sociologue a évoqué un point important à adopter par les journalistes dans le traitement des sujets à équivoque. Elle a estimé qu' au lieu de garder avec le sujet et les invités une distance bienveillante, en ayant un angle de visée bien établi et en le respectant, les animateurs tombent dans le piège du sensationnel en focalisant sur les mœurs sociales et en aboutissant à la fin à la consécration des clichés.
« L'éducation sexuelle est encore au stade de tabou malgré les différentes pressions des associations et des spécialistes, cela renforce le rôle des médias dans l'éducation de la société et plus particulièrement des jeunes. Le journaliste est la conscience de la société, il se doit d'être objectif et il faut qu'il soit formé pour avoir cette distance bienveillante nécessaire à sa mission » a-t-elle argué.

L'atelier a été conclu par la promesse d'élaborer un document de référence en matière de traitement médiatique des sujets relatifs à la sexualité et la perspective d'organiser, toujours avec des spécialistes, des séances de travail dédiées à l'amélioration du rendement journalistique en la matière.
Il s'agit et il est important de le mentionner, du premier atelier conjoint entre la HAICA et la STSC, consacré au sujet. Un petit pas a donc été entamé aujourd'hui pour qu'à l'avenir le sexe ne soit pas traité par des animateurs peu consciencieux de manière réductrice, moralisatrice, le tournant au ridicule ou l'assimilant au pêché. A l'avenir le thème de la sexualité devra être abordé comme un sujet sérieux et important, sous un angle scientifique avec pour objectif d'arriver sur le long terme à démystifier ce qui a été depuis des siècles un tabou absolu nourri par des légendes qui ont fait de la vie de certaines personnes, dont nous avons aujourd'hui eu connaissance des témoignages, une misère absolue…


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