Faire face au risque de voir émerger une santé à plusieurs vitesses où les économiquement faibles n'auront plus le moyen de se faire soigner Inquiétude face à la détérioration continue des services de soins offerts par les hôpitaux publics et les centres de santé de base Un appel pour sauver le secteur public de la Santé a été lancé, hier à Tunis, par plus de 30 associations et organisations non gouvernementales exerçant dans les divers domaines d'activité dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l'homme, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), le Réseau méditerranéen des droits de l'homme, l'Association tunisienne des femmes démocrates, le syndicat général des médecins et pharmaciens hospitalo-universitaires relevant de l'UGTT, le syndicat général des médecins et pharmaciens de la santé publique, 20 millions de consommateurs, l'Association tunisienne de lutte contre les MST, l'Association tunisienne de défense du service public de santé et de ses usagers, et autres structures actives de la société civile. Cet appel, lancé lors d'un point de presse tenu au siège du FTDES est la première action d'une initiative multidimensionnelle que ce collectif d'associations a décidé d'engager en vue de sauver le secteur public de la Santé. Il s'agit principalement de sensibiliser le grand public à l'importance du secteur public dans la couverture sanitaire des citoyens de toutes les catégories et en particulier les catégories économiquement faibles afin d'obtenir son adhésion à cette initiative destinée à faire pression sur les autorités et le gouvernement pour traduire dans les faits l'intérêt que les responsables disent prêter au développement du secteur. Dans leurs interventions, les représentants de plusieurs associations ont déploré le hiatus entre le discours et la pratique, disant que les responsables insistent dans leurs discours sur l'importance du secteur public de la Santé, mais, dans la pratique, ils font le contraire, ce qui risque de voir émerger une santé à plusieurs vitesse où les économiquement faibles n'auront plus le moyen de se faire soigner, alors que la santé est un droit reconnu par la constitution tunisienne. Les auteurs de l'initiative ont dit miser beaucoup sur les moyens d'information en vue de les soutenir dans leur initiative qui sera couronnée au mois de septembre prochain par l'organisation d'une grande conférence nationale de la société civile sur la question. Dans leur appel, les associations et organisations signalées ont fait part de leur inquiétude face à la détérioration continue des services de soins offerts par les hôpitaux publics et les centres de santé de base, suite à la politique de désengagement de l'Etat des secteurs sociaux suivie depuis des décennies, ajoutant que cette détérioration s'est aggravée au cours de ces dernières années et menace sérieusement le service public de santé d'effondrement, en raison de l'augmentation du déficit budgétaire des établissements sanitaires publics, de la détérioration des conditions de travail des professionnels, de départ des cadres spécialisés vers le secteur privé et vers l'étranger, ainsi qu'en raison de la progression importante de l'activité privée des agents du secteur public et du phénomène de la corruption. Ces mêmes associations réclament la mise en œuvre d'un programme de sauvetage d'urgence du secteur public de la santé, élaboré de manière participative, et visant à trouver des solutions rapides et efficaces aux problèmes du secteur. Elles préconisent en outre l'ouverture d'un dialogue approfondi et sérieux avec toutes les parties concernées en vue d'élaborer une stratégie d'actions rompant avec les politiques précédentes, afin de revaloriser le secteur public de la santé pour qu'il soit en mesure d'assurer les soins curatifs et préventifs de qualité à toutes les couches de la population , de conserver son statut de référence en matière de santé, et continuer de remplir son rôle dans la formation des cadres de santé.