Lutte contre le terrorisme et la corruption: Appel du président de la République à soutenir l'Etat Le président de la République, Beji Caid Essebsi, a appelé à une prise de conscience par le peuple tunisien de "la sensibilité de la conjoncture" et à faire preuve de solidarité avec l'Etat afin qu'il "remporte la bataille déclarée sur plusieurs fronts, notamment celle contre le terrorisme et la corruption". Dans une allocution télévisée prononcée vendredi soir à l'adresse du peuple tunisien à l'occasion de l'avènement du mois de Ramadan, le président de la république a espéré qu'"aucun attentat ne soit perpétré durant la mois saint", soulignant que "l'Etat est pleinement engagé dans la lutte contre le terrorisme et vient d'entamer la guerre contre la corruption et la contrebande". Beji Caid Essebsi a estimé que "les prémisses d'une éclaircie se dessinent dans le pays, notamment avec un taux de croissance de 2,1 % au cours du premier trimestre de l'année en cours, l'augmentation de la production du phosphate de 45 % et l'accroissement des indices dans le tourisme". "Cette amélioration a été accomplie par le peuple et grâce à ses sacrifices", a-t-il ajouté, rappelant toutefois que "la situation reste marquée par un taux élevé de chômage et un recul des indices de développement". Le chef de l'Etat a transmis un message de rassurance au peuple tunisien, estimant toutefois que "cette sérénité ne peut être effective que par le travail, la solidarité et la cohésion". Le président de la république a transmis par ailleurs ses vœux aux peuples islamiques en général et au peuple tunisien en particulier à l'occasion de l'avènement du mois de Ramadan. Il a rappelé à cet égard les mesures prises par le gouvernement pour garantir l'approvisionnement en denrées alimentaires durant le mois saint et les efforts consentis pour baisser les prix en coordination avec les commerçants. Biens confisqués des accusés de corruption: Nomination d'administrateurs judiciaires à partir de demain Des administrateurs judiciaires seront nommés, à partir de lundi prochain, à la tête des biens confisqués de huit hommes d'affaires accusés de corruption, a annoncé, hier, le président de la Commission de confiscation, Mounir Ferchichi. La commission de confiscation a annoncé, vendredi, la saisie des biens et le gel des comptes bancaires de huit hommes d'affaires et contrebandiers, arrêtés ou assignés à résidence au cours de cette semaine pour implication dans des affaires de " corruption " et d'" atteinte à la sûreté de l'Etat ". Il s'agit de Mongi Ben Rbah, Kamel Ben Ghoulem Fraj, Chafik Jarraya, Yassine Chennoufi, Nejib Ben Ismail, Ali Griouii, Mondher Jenayah et Hlel Ben Massaoud Bchir. Après la désignation d'administrateurs judiciaires à la tête des biens saisis, la commission va entamer l'opération de recensement des biens des personnes arrêtées ou assignées à résidence, a expliqué Ferchichi à l'agence TAP. Selon lui, les biens mobiles et immobiles mis à la disposition d'hommes politiques et de journalistes par l'homme d'affaires Chafik Jarraya ne peuvent être déterminés qu'après la désignation d'administrateurs judiciaires. " C'est aux administrateurs judiciaires d'engager une investigation pour déterminer les biens mis à la disposition de ces personnes ", a-t-il ajouté. Restitution des fonds de Slim Chiboub gelés en Suisse : Le fruit d'un accord d'arbitrage et de conciliation Récemment transférés à la trésorerie générale de l'Etat, les fonds de l'homme d'affaires, Slim Chiboub, gelés en Suisse, ont été restitués à la faveur d'un accord d'arbitrage et de conciliation, a expliqué hier l'Instance " Vérité et Dignité ". Les autorités judiciaires suisses ont transféré un montant de 3,5 millions d'euros à la Trésorerie générale de la Tunisie en réponse à une commission rogatoire internationale complémentaire émise par les autorités tunisiennes dans le cadre d'une enquête contre le gendre du président déchu, Slim Chiboub, a annoncé vendredi le ministère de la Justice. " Ce transfert n'est qu'une avance versée en vertu d'un accord d'arbitrage et de conciliation conclu le 5 mai 2016 entre Chiboub, en tant qu'auteur de corruption et le chef du contentieux de l'Etat ", selon un communiqué de l'Instance Vérité et Dignité. Cette opération s'inscrit dans le cadre des efforts déployés par la commission d'arbitrage et de conciliation visant à déterminer la valeur totale des fonds détournés par Slim Chiboub avant de les restituer à la trésorerie générale de l'Etat et d'aboutir à une décision définitive entre les deux partis, a-t-elle ajouté. Par ailleurs et dans le cadre du suivi de l'affaire, une rencontre s'est tenue vendredi au siège du ministère de la Justice avec le Procureur général aux affaires pénales à l'ambassade de la Confédération Suisse, indique. La rencontre a été l'occasion de saluer ce pas positif dans le processus de récupération des avoirs spoliés et détournés à l'étranger, lit-on de même source. Les deux parties ont réitéré l'engagement à poursuivre l'action commune pour promouvoir davantage la coopération judiciaire entre les deux pays. Demain au tribunal militaire: Le collectif de défense de Chafik Jarraya entre en action Fayçal Jadlaoui, avocat de l'homme d'affaires Chafik Jarraya, arrêté pour des faits de corruption et atteinte à la sécurité de l'Etat, a indiqué que le collectif de défense va rencontrer, demain, le juge d'instruction du Tribunal militaire pour prendre connaissance du dossier de son client et fixer une date pour son audition. Composé de six avocats, le collectif de défense s'est rendu, vendredi, au Tribunal et essayé de contacter le juge d'instruction chargé de l'affaire mais sans succès, a indiqué, samedi, à l'agence TAP, Fayçal Jadlaoui. L'avocat a exclu la possibilité que son client soit déféré devant le tribunal militaire lundi pour audition, ajoutant que "le collectif de défense n'est pas prêt à la tenue de cette dernière au vu du volume du dossier". Vendredi, le Parquet militaire de Tunis a décidé de diligenter une enquête contre Chafik Jaraya et les personnes dont l'enquête aura révélé l'implication "pour atteinte contre la sûreté de l'Etat, trahison et intelligence avec une puissance étrangère en temps de paix". Un mandat de dépôt contre a été émis à son encontre par le juge d'instruction militaire. Il a été décidé de reporter son interrogatoire en attendant la présence de son avocat. Cette décision a été prise en vertu des articles 60 bis, 60 et 32 du Code pénal et de l'article 123 du Code des plaidoiries et sanctions militaires, avait indiqué le Procureur général militaire. Il a ajouté que l'enquête a été ouverte à la suite de plaintes parvenues au Parquet militaire accusant Chafik Jaraya d'avoir commis "des actes de nature à porter atteinte à la sûreté de l'Etat". Des arrestations ont touché depuis mardi plusieurs personnes suspectées de corruption, de contrebande et d'implication dans des réseaux de l'économie parallèle, dont les dénommés Yassine Chennoufi, Nejib Ben Ismail et Ridha Ayari. Des décisions d'assignation à résidence ont été prises à leur encontre sur la base "d'indications prouvant leur implication dans des infractions susceptibles de menacer dangereusement la sécurité et l'ordre public", a précisé, jeudi soir, le ministère de l'Intérieur. Selon l'IACE: L'assainissement des pratiques commerciales rapporterait 5 points de croissance l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprises (IACE), a exprimé son soutien aux "mesures concrètes prises pour lutter contre la corruption et la contrebande qui gangrènent le pays". Il a réaffirmé que l'assainissement des pratiques commerciales peut rapporter 5 points de croissance à l'économie tunisienne. "Une étude de l'IACE et du Centre International pour l'Entreprise Privée (CIPE) a montré qu'un assainissement immédiat des pratiques commerciales peut avoir un effet " boost " sur l'économie pouvant atteindre 5 points de croissance dans l'année qui suit et un point supplémentaire pendant les 5 années à venir. Les effets de l'amélioration des pratiques commerciales vont engendrer une économie de 13% sur les coûts de l'entreprise", a rappelé l'Institut, dans un communiqué. "L'IACE apportera son soutien à toutes les actions qui s'inscriront dans cette démarche, qui vise à faire sauter les verrous de la corruption, de la contrebande et du secteur informel, qui entravent l'investissement et la performance de nos entreprises privées, qui, rappelons-le, contribuent à hauteur de 68% de l'emploi, à 63% des recettes fiscales, 72% des exportations et 63% du PIB, avec la grande entreprise comme locomotive de l'économie nationale employant en 2015, 42.29 % de l'effectif salarié total du secteur privé". Le retour de la croissance, et l'ambition de la porter à des paliers élevés ne saurait se concrétiser sans l'assainissement de l'économie de toutes les manœuvres de corruption et de pratiques d'enrichissement illicites, ainsi que l'éradication sans réserves de ces dangers, réaffirme l'IACE. Il a invité, par ailleurs, les médias à éviter tout amalgame entre les acteurs du secteur informel et de la contrebande, les hommes d'affaires avec les chefs d'entreprises et opérateurs économiques qui contribuent, par leur engagement et leurs investissements, au développement de l'économie du pays.