Le secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Noureddine Taboubi, s'est rendu hier après-midi à Tataouine dans le cadre d'une tentative de médication entre le gouvernement les protestataires d'El Kamour, une station de pompage où près de deux mille jeunes réclament depuis plusieurs semaines des emplois et une meilleure répartition des richesses à travers la mise en place d'un fonds de développement régional. Le secrétaire général de l'Union régionale du travail à Tataouine, Béchir Saïdi, a précisé dans ce cadre que l'homme fort de la centrale syndicale a participé à une réunion regroupant le ministre de l'Emploi et de la formation professionnelle, des représentants des protestataires d'El Kamour ainsi que le gouverneur et des députés de la région. «Lors de cette réunion tenue au siège du gouvernorat, le secrétaire général de l'UGTT a tenté de rapprocher les points de vue entre les deux parties et de se positionner en tant que garant de l'application d'un accord », a-t-il indiqué. A l'heure où s'écrivaient ces lignes, la réunion se poursuivait. Mais tout laissait croire que la mission de bons offices menée par Tabboubi était très délicate. Avant même de prendre le chemin vers Tataouine, ce dernier a précisé que son rôle consiste à «renforcer la crédibilité des négociations» entre les deux parties. «Je tiens à préciser que l'UGTT ne va pas remplacer le gouvernement. Son rôle consiste tout simplement à garantir l'application d'un accord car le gouvernement a tendance à présenter des solutions qui sont difficiles à mettre en œuvre», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «j'ai appris que la coordination des protestataires ne concerne plus le sit-in d'El Kamour et qu'elle s'est élargie à plusieurs localités et ceci risque de compliquer les négociations». Selon des sources syndicales, les protestataires qui campent à El Kamour se sont déclarés prêts à faire des concessions et ont accueilli chaleureusement la médiation du secrétaire général de l'UGTT. Les protestataires qui observent un sit-in près du siège du gouvernorat sont cependant restés très intransigeants, exigeant la satisfaction de l'ensemble des revendications des chômeurs de la région. Les protestataires d'El Kamour ont déjà revu leur copie et adressé de nouvelles revendications dont notamment la création de 600 emplois dans les sociétés pétrolières, de 1000 emplois dans les sociétés de sous-traitance et de 3000 emplois supplémentaires dans les sociétés de préservation de l'environnement. A cela s'ajoutent, l'allocation de 100 millions de dinars au fonds de développement du gouvernorat de Tataouine, la suspension des poursuites judiciaires engagées contre plusieurs protestataires, l'embauche d'un membre de la famille d'Anwer Sakrafi , un jeune décédé fin mai dernier lors d'affrontements entre les protestataires et les forces de l'ordre et l'octroi de compensations matérielles aux jeunes blessés lors de ces mêmes affrontements. La nouvelle offre du gouvernement comprend notamment une revalorisation du montant qui sera alloué au Fonds de développement du gouvernorat de Tataouine (70 millions de dinars au lieu des 50 millions annoncés précédemment) ainsi que le déblocage de 2000 crédits dédiés au financement de petits projets. En matière de recrutements de chômeurs, l'exécutif a précisé qu'il est incapable de concéder plus que ce qui n'a été fait, le 15 mai 2017 : recrutement de 1500 chômeurs dans les sociétés pétrolières (1000 recrutements en 2017 et 500 en 2018) et recrutement de 2000 jeunes dans les sociétés de préservation de l'environnement sur deux ans. Bien évidemment, l'exécutif a aussi promis d'appliquer les 64 décisions pour la région de Tataouine annoncées fin avril lors d'une visite du président du gouvernement, Youssef Chahed, dans différents domaines comme l'agriculture, le transport, l'équipement, ou encore dans les secteurs industriels et commerciaux. Nous y reviendrons...