Le syndicat des agents et cadres du Centre National de l'Informatique (CNI) a estimé dans un communiqué que la mise de cet établissement sur la tutelle d'un ministère géré par une personnalité issue des rangs du mouvement Ennahdha constitue une porte ouverte à «l'exploitation partisane» des fichiers nationaux. «Nous réclamons la mise de cette institution et de l'ensemble de ses bases de données à l'écart des tiraillements politiques surtout en cette période pré-électorale »,a précisé le syndicat, notant que le centre dispose de bases de données extrêmes importantes qui pourraient être exploitées à des fins électorales. Ces bases de données se rapportent essentiellement aux échanges de courriers électroniques officiels, les fichiers de l'état civil, les registres électoraux, les fichiers de la fonction publique etc. Le CNI fait aussi office d'auditeur des systèmes d'informations implantés dans tous les ministères et supervise l'élaboration de schémas directeurs informatiques ainsi que la protection des données et la mise en place du système de gouvernance des missions à l'étranger. Selon le syndicat, c'est le CNI qui a conçu et supervisé l'exploitation des logiciels utilisées par l'Instance supérieure indépendante pour les élections lors des dernières joutes électorales de 2011 et de 2014. Il gère aussi des systèmes informatiques très sensibles comme le système «Insaf » qui assure la gestion administrative et financière des affaires de plus de 620000 agents de la fonction publique, le système «ADEB» qui assure le suivi de l'exécution des dépenses de l'Etat et le système « Rached» dédié à la gestion des missions à l'étranger. Le syndicat a, d'autre part, appelé à rattacher le centre à la présidence du gouvernement, étant donné que «le mouvement Ennahdha est en train de manœuvrer pour garder le CNI sous la tutelle du ministre des Technologies de la communication et de l'économie numérique», Fondé en 1975, le CNI est un établissement public à caractère non administratif doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière. Jusqu'en 2001, le CNI état placé sous la tutelle de la présidence du gouvernement. «L'action du centre est transversale dans le sens où elle touche tous les ministères. Et c'est pour cette raison qu'il est inadmissible qu'il soit entre les mains d'un parti qui pourrait facilement utiliser les fichiers nationaux pour influencer sur les élections municipales législatives ou présidentielle », souligne le syndicat. A noter que le mouvement Ennahdha a été accusé récemment d'avoir envoyé des SMS aux candidats au baccalauréat pour leur souhaiter la réussite, un agissement considéré comme étant une violation des données personnelles visant à attirer de nouveaux électeurs. Le parti à cependant démenti avoir eu accès à la liste complète des candidats au baccalauréat, indiquant qu'il n'a envoyé des textos qu'à ses adhérentes et ses sympathisants. «Le mouvement Ennahdha n'a pas envoyé des SMS aux candidats au baccalauréat même si le fait d'envoyer un SMS pour encourager ces candidats ne constitue pas un délit », a déclaré Ajmi Lourimi, un dirigeant du mouvement sur les ondes de Jawhara FM.