Une séance plénière à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) sera dédiée, au début de la semaine prochaine, au vote de l'amendement du règlement intérieur du Parlement. Contacté par l'un des employés de l'établissement, qui nous a priés de garder son anonymat, nous avons réussi à mettre la main sur les quelques points qui seront revus lors de la séance. Notre interlocuteur nous a expliqué que les amendements 3 et 48 du règlement intérieur ont été étudiés au sein de la Commission du règlement intérieur, de l'immunité parlementaire, des lois parlementaires et des lois électorales ; une Commission qui a validé ces amendements avec seulement 8 députés de ses 22 membres. Des députés du bloc d'Ennahdha selon l'intéressé. Il ne s'agit pas là d'une première et il ne s'agit pas là d'un crime que commettent les députés Nahdhaouis. On ne peut pas leur en vouloir d'avoir une assiduité remarquable mais on peut très bien se poser des questions sur les députés des autres blocs (Nidaa Tounes, le Front populaire, Al Machroû ou encore Afek Tounes) et sur leur réel sérieux dans leur traitement des affaires du Parlement et, surtout, au niveau des travaux des commissions qui demeurent les plus importants. En tout cas, ce que nous a expliqué notre source est assez inquiétant ; selon elle, les amendements proposés par la Commission stipulent que le bureau de l'ARP se chargera désormais des recrutements, des nominations et des gradations des employés de l'administration du Parlement. Un bureau dominé par le bloc majoritaire et donc, par le bloc parlementaire d'Ennahdha. Des amendements contraires aux principes de l'article 15 de la Constitution qui stipule que ‘l'administration publique est au service du citoyen et de l'intérêt général. Son organisation et son fonctionnement sont soumis aux principes de neutralité, d'égalité et de continuité du service public, conformément aux règles de transparence, d'intégrité, d'efficacité et de redevabilité.' Le syndicat des employés de l'ARP, relevant de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), a publié, le 21 juin 2017, un communiqué où il a catégoriquement refusé les amendements en question qui visent à soumettre l'appareil administratif du Parlement à des buts purement politiques. Cette nouvelle polémique au sein de l'ARP risque d'apporter un nouveau déséquilibre à cette scène parlementaire qui peine déjà à avancer ; à cause de ce que l'on appelle le tourisme parlementaire et ce qu'il cause en termes d'instabilité au niveau de la proportion des différents blocs. A un certain moment les blocs changeaient de nombre presque chaque semaine. Et encore, on ne parle pas des blocs qui naissent et qui meurent à coup de manœuvres partisanes internes. Rien que le bloc de Nidaa Tounes a accouché de deux autres blocs au sein de l'ARP : le bloc d'Al Horra du Mouvement projet pour la Tunisie et le bloc National. N'oublions pas non plus le bloc démocratique autour duquel se sont regroupés des députés dont certains n'ont aucun point en commun ; bien qu'à sa création ses mêmes députés nous ont expliqué que leur bloc était juste un bloc technique, sa place au niveau du paysage parlementaire demeure tout aussi énigmatique. Quoiqu'il en soit, les amendements du règlement intérieur de l'ARP est un sujet très important vu les enjeux et les menaces qu'ils représentent à notre administration d'une façon générale et à celle du Parlement en particulier.