L'antenne régionale de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Tataouine a menacé, dans un communiqué rendu public hier, d'organiser une série de mouvements de protestation pouvant aller jusqu'à la grève générale au cas où les autorités ne mettent pas fin aux arrestations et aux poursuites judiciaires engagées contre les manifestants ayant participé au sit-in d'El Kamour. «Les arrestations et les poursuites judiciaires visant les activistes ayant participé au sit-in d'El Kamour se poursuivent et constituent une violation manifeste de l'accord conclu le 15 juin dernier entre le gouvernement et les protestataires en présence du secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Tabboubi», a souligné l'Union régionale du travail de Tataouine dans son communiqué évoquant des «promesses non tenues par les autorités». L'union régionale a également menacé de recourir à tous les moyens de protestation légaux, y compris la grève générale, au cas où le gouvernement revient sur l'accord. Elle a, d'autre part, appelé les autorités à libérer tous les manifestants arrêtés et à débloquer les 80 millions de dinars promis au fonds de développement régional. Selon le tribunal de première instance de Tataouine, des mandats de dépôt ont été émis contre 18 personnes dans des affaires liées à l'incendie de postes de police et de pillage de dépôts de la douane et de la municipalité. Or, l'accord conclu entre le gouvernement et l'UGTT prévoit littéralement la suspension des poursuites judiciaires contre les participants pacifistes et non impliqués dans des actes de pillage ou de vandalisme. Cet accord avait été signé après plusieurs mois de protestations émaillées d'affrontements sanglants entre les forces de l'ordre et les protestataires d'El Kamour et des blocages récurrents de la production du pétrole. Paraphé par le ministre de la Formation professionnelle et de l'Emploi, Imed Hammami, et des représentants des protestataires qui avaient campé durant plusieurs semaines au niveau d'une station de pompage à partir de laquelle on peut fermer d'un tour de main un oléoduc souterrain, l'accord prévoit notamment le recrutement de 1500 personnes au sein des sociétés pétrolières (100 en juillet,150 en septembre, 200 en octobre, 400 en novembre et 150 en décembre) et l'embauche de 3000 chômeurs dans les sociétés chargées de la protection de l'environnement sur trois ans (1500 agents en 2017, 1000 2018 et 500 personnes en 2019). L'accord prévoit aussi la titularisation de 370 agents dans les sociétés pétrolières et de l'environnement à la fin de leurs contrats à durée déterminée, le versement d'une indemnité de recherche d'emploi de 500 dinars aux personnes recrutées dans les sociétés pétrolières en attendant leur prise de fonction, l'allocation d'un budget de 80 millions de dinars au fonds de développement régional. Suite à la signature de cet accord, la route d'El-Kamour, bloquée par le sit-in, a été rouverte. La vanne de la station de pompage a été aussi rouverte et la production du pétrole a repris. Toutefois, des tentes restent occupées par quelques dizaines de manifestants «pour garantir une stricte application des mesures promises», selon les termes du porte-parole du mouvement de contestation, Tarek Haddad.