Hier, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, est parvenu à résoudre la crise des sociétés pétrolières à Kébili. De son côté, Noureddine Taboubi, SG de l'Ugtt, a annoncé que l'accord d'El-Kamour (Tataouine) sera opérationnel à partir du 15 septembre prochain. «On vit au jour le jour», «A chaque jour, sa surprise ou sa petite phrase ou déclaration assassine», «A chaque jour, un ministre, un leader partisan ou un député le plus souvent se considérant comme les gardiens les plus zélés du temple de la révolution transgressent la loi», «quotidiennement, un parti enregistre une série de démissions alors que son secrétaire général négocie avec le chef du gouvernement les portefeuilles qui lui seront accordés lors du remaniement ministériel qui chauffe toujours», «La Banque centrale multiplie les communiqués où on découvre que nos jours d'importation varient d'une déclaration à l'autre». C'est là un constat général sur la situation politique et sociale qui prévaut dans le pays en cette fin du mois d'août, un mois particulier par excellence, un mois que les Tunisiens et les Tunisiennes n'oublieront pas de sitôt, eu égard aux événements qui l'ont traversé, aux crises et polémiques qui l'ont émaillé en dépit des vacances que notre élite s'est octroyées en faisant la sourde oreille à ceux qui exigeaient une session parlementaire exceptionnelle pour adopter les lois dites urgentes et un remaniement ministériel de plus en plus pressant afin que le gouvernement puisse préparer la rentrée politique et sociale dans les meilleures conditions possibles. Finalement, on a consommé le mois d'août à se demander si Rached Ghannouchi avait ou non le droit d'intimer «l'ordre amical» à Youssef Chahed d'effacer son rêve d'occuper le palais de Carthage, à palabrer sur les risques d'implosion menaçant Ennahdha du fait « de l'erreur médiatique» commise par son chef historique accusé de «taghawel» par ses opposants parmi ses anciens lieutenants les plus fidèles et les plus dociles mais qui ne peuvent plus se taire, et à érgoter sur l'initiative du président Béji Caïd Essebsi relative à l'égalité successorale et au mariage de la Tunisienne à un non-musulman sans que celui-ci ne soit obligé de se convertir à l'islam, initiative qui a divisé, comme prévu, les Tunisiens et qui pourrait valoir à Wajdi Ghanim quelques mois de prison si les Turcs tiennent leur engagement et le traduisent en justice comme l'a promis leur ambassadeur à Tunis. Le déni de l'Etat se poursuit de plus belle En parallèle et en attendant que Youssef Chahed choisisse les ministres qui plairont à Mohsen Marzouk, à Hafedh Caïd Essebsi, à Rached Ghannouchi et aussi à Si El Béji, les sit-inneurs d'El-Kamour (Tataouine) et d'El-Faouar (Kébili) continuent de faire la loi, de fermer les vannes de pétrole et de pousser les sociétés pétrolières installées dans les régions à arrêter leurs activités. Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, qui a parrainé le 16 juin dernier, l'accord gouvernement-sit-inneurs d'El-Kamour, donnant les assurances de la centrale syndicale qu'il sera concrétisé dans tous ses détails, fait ces derniers jours ce qu'il peut afin que ces promesses ne tombent pas à l'eau et que les sit-inneurs reviennent à la raison et acceptent de rouvrir les vannes de pétrole fermées à El-Kamour et aussi à Douz et à El-Faouar (relevant du gouvernorat de Kébili). A El Faouar, les sit-inneurs exigeaient de traiter directement avec les sociétés pétrolières sans l'intervention de l'Etat, par l'intermédiaire du gouverneur de la région, et aussi sans l'intervention de l'Ugtt elle-même. Ils veulent imposer eux-mêmes la liste des jeunes qui seront recrutés dans les sociétés pétrolières ou dans les sociétés de l'environnement sans avoir à subir le concours que prévoit la loi. Pour le moment, Noureddine Taboubi concentre ses efforts sur la mise en application de l'accord d'El-Kamour. Il a annoncé, hier, à Tataouine où il est allé commémorer le premier anniversaire du décès du S.G de l'Union de travail de la région feu Kamel Abdellatif, que l'accord sera mis en œuvre après le 15 septembre, dans la mesure où les revendications des protestataires ont été satisfaites et un accord signé au siège du gouvernorat de Kébili. Le S.G de l'Ugtt n'a pas manqué de réaffirmer les positions de l'Ugtt à propos des tensions qui règnent dans le Sud du pays: «L'arrêt de la production pétrolière ne profite à personne. Le gouvernement doit assurer un climat d'investissement favorable dans les régions marginalisées». Et il clôture : «La pression sur le gouvernement peut s'exercer de multiples façons autres que la fermeture des stations de pompage». Un discours qui satisfait les sit-inneurs, qui rappelle au gouvernement la nécessité d'accorder la priorité absolue aux régions dites défavorisées et qui montre que rien ne peut se faire à l'avenir sans que l'Ugtt ait son mot à dire. Sauf que la fin de la crise des sociétés pétrolières à Kébili, annoncée, hier après-midi, montre qu'on peut résoudre une crise sans que l'Ugtt n'y intervienne ou n'y joue le premier rôle. Hier, un accord définitif a été signé entre le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, et les représentants des coordinations des sit-inneurs à Douz, El-Galaâ et El Faouar (Kébili) pour la levée immédiate du sit-in et la réouverture des vannes. Et Mohamed Trabelsi de considérer, dans une déclaration à Mosaïque FM, que «la crise de Kébili est réglée» et que «l'accord signé rompt avec toutes les formes de confrontation dans le sens de la consécration du dialogue et l'action commune. Notre objectif partagé est d'appliquer les accords convenus dans le but d'impulser le développement à Kébili et dans le Sud». Que dire, enfin, de la déclaration de Taboubi à Tataouine et de l'accord signé par Mohamed Trabelsi à Kébili ? Les optimistes diront : «Seuls le dialogue et la compréhension peuvent résoudre les crises les plus difficiles». Les autres répliqueront : «Le gouvernement s'est accordé une petite pause ou une trêve à la veille des vacances de l'Aid El Kébir, la fête qui impose aux Tunisiens d'autres priorités».