Décidément, les affaires qui fâchent et qui créent la polémique, donc le buzz, sont devenues monnaie courante et presqu'un pain quotidien. Après les «shows» des politicards qui semblent n'avoir rien à faire sauf les tournées à travers les plateaux radiotélévisés et les déclarations incendiaires à travers les médias et les pages facebookiennes, voilà la dernière de Moncef Marzouki ! En effet, la dernière trouvaille nous est venue de l'inévitable Moncef Marzouki, ancien président, par accident, de la République puisqu'au départ, il avait été élu grâce aux restes (fawadhel) pour être membre de l'Assemblée nationale constituante (ANC), mais grâce à un tour de magie joué par Ennahdha et Ettakattol, il s'est retrouvé président de la République par intérim malgré son score trop maigre aux législatives. Une première dans les annales dignes du Guiness Book. Alors ce même Marzouki, auteur d'un nombre incalculable de bourdes et de propos «aberrants» et souvent «incohérents», réunis et immortalisés dans un livre intitulé «Bonté divine» de notre collègue Nizar Bahloul, vient de mettre les pieds dans le plat. Une énième fois. Profitant, comme à l'accoutumée de son passage à travers un média étranger, pratiquement et souvent le même, la chaîne de télévision de propagande qatarie Al Jazeera, Marzouki a fait une grande révélation qui a fait l'effet d'une bombe. Et comment ?! Qu'on en juge. Il accuse, sans apporter, la moindre preuve tangible, le général à la retraite, Rachid Ammar, et l'ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, d'avoir eu une bonne part de responsabilité dans la confusion enregistrée durant l'attaque perpétrée par des salafistes contre l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, un certain 14 septembre 2012 Pour M. Marzouki, qui était, en même temps, chef d'état-major suprême des forces armées, tous les décideurs au gouvernement étaient aux abonnés absents. Cela va du chef du gouvernement qui avait disparu de la circulation, selon lui, et ne répondait plus aux appels téléphoniques, aux hauts cadres sécuritaires, injoignables, alors que le général Ammar, assure t-il, a réclamé un ordre par écrit pour intervenir, avant d'afficher, carrément sa désobéissance et son refus d'exécuter ses ordres. Poursuivant sur sa lancée, Marzouki fait son récit, réel ou imaginaire ou encore déformé, indique que sans son intervention faisant appel à la Garde présidentielle qui a protégé l'ambassadeur américaine, « les choses auraient empiré comme en Libye, faisant référence au meurtre de l'ambassadeur américain ». Il va jusqu'à accuser Hamadi Jebali d'avoir voulu mettre la main sur la Garde présidentielle, mais son refus avait fait éviter à la Tunisie un drame aux conséquences incalculables, s'il avait accepté. Avec une imagination, apparemment fertile et une suite infaillible dans les idées, Moncef Marzouki affirme qu'il s'agissait, plutôt, d'une mise en scène pour entraîner une intervention des forces armées US en Tunisie. D'ailleurs, une proposition lui était parvenue le lendemain, toujours selon ses propos, par le ministre de la Défense de l'époque, et à laquelle, il s'était fermement opposé. Jusque-là, tout est « ok » et tout plaide pour une attitude chevaleresque de l'ancien président de la République, mais voilà que le jour même du 25 juillet 2017, l'ancien ministre de la Défense, Abdelkrim Zebidi, connu pour sa crédibilité, son sérieux et sa rigueur, a immédiatement et vivement réagi pour dire que devant de telles énormités et de tant de mensonges, il se voit dans l'obligation de sortir de sa réserves et qu'il doit tout révéler dans les moindres détails. Le ministre a commencé par exprimer son étonnement par rapport aux précédents propos tenus par M. Marzouki sur Al Jazeera. Après un rappel des faits ayant précédé l'attaque de l'ambassade américaine, M. Zebidi a révélé qu'il "a refusé de façon catégorique de permettre à des forces américaines d'intervenir en Tunisie et cela lors d'un appel téléphonique de l'ancien chef de cabinet de M. Marzouki, Imed Daimi". Ce dernier a appelé à cette intervention sur demande, disait-il, de responsables politiques américains dont Hillary Clinton. Abdelkrim Zebidi a, également, indiqué qu'il a demandé à M. Marzouki de lui adresser une correspondance écrite officielle dans ce sens. Celle-ci a été reçue au ministère de la Défense dans la même journée du 14 septembre 2012 avant d'être suivie par un débarquement des Marines américains, le même jour à 2h du matin. Concernant le général Rachid Ammar, Abdelkrim Zebidi a tenu à préciser qu'il a refusé la demande de l'ancien président d'accorder cette autorisation aux Marines américains avant d'ajouter que conséquence de cette confusion, le général aurait présenté sa démission, le 15 septembre 2012. Une autre réaction est venue, d'Ali Laârayedh, alors, ministre de l'Intérieur à l'époque, qui assure que ses services ont bien géré le déroulement de la situation et qu'ils ont fait tout ce qui est en leur pouvoir pour maîtriser la situation dans les meilleurs délais et avec le minimum de dégâts possibles. Or si ce témoignage de M. Laârayedh laisse à désirer, car nous aussi avions suivi cette attaque en direct sur les réseaux sociaux, force est de constater que les agents de sécurité accompagnaient, pour ne pas dire, escortaient les hordes de barbus qui se dirigeaient de pied ferme vers l'ambassade américaine sise aux Berges du Lac. Et tout le monde avait vu que les assaillants agissaient à leur guise sans la moindre opposition sérieuse de la part des services de sécurité, pourtant présentes sur les lieux. Quant à la réponse de l'ancien ministre de la Défense, nous attendons à ce que M. Zebidi ne reste pas les bras croisés et qu'il dépose plainte auprès du Tribunal militaire contre M. Marzouki. D'abord, pour propos inexacts, pour ne pas dire mensongers pour une affaire touchant de très près la sûreté de l'Etat et à la souveraineté du pays. En effet, s'il s'avère que c'est bien Marzouki qui avait fait appel aux Marines, cela constituerait un fait gravissime qui mérite d'être traité d'une manière conséquente en procédant à une enquête rigoureuse et de laisser la justice jouer son rôle d'une manière indépendante et prononcer ses verdicts à la hauteur de la gravité des délits commis. En tout état de cause, c'est une occasion idoine pour mesurer le degré de l'indépendance de la magistrature pour une question qui touche le sommet de l'Etat, sa fiabilité et, pourquoi pas, procéder à un examen approfondi des facultés mentales de l'ancien président de la République.