C'est une pièce théâtrale truffée de chansons et de danse intitulée : « El barrani ala barra » (Au suivant !) produite par Habib Belhédi et mise en scène par Lassâad Ben Abdallah, qui a été donnée récemment au festival international d'Hammamet. Elle rend hommage en premier lieu au « Cafichanta », une forme de spectacle populaire qui animait le quartier de Bab Souika, à Tunis, durant le mois de Ramadan et qui a disparu depuis plus de trente-cinq années. Cette pièce en parle autrement et profondément, se situant à la période des années soixante-sept-soixante-huit du siècle dernier et évoquant la vie politique de la Tunisie à travers le Cafichanta. Avec cette pièce, et comme l'a fait savoir le metteur en scène Lassâad Ben Abdallah au cours du point de presse tenu à l'issue de la représentation, il continue à revisiter les oubliées. Rappelons-nous du spectacle musical « El Mansiyet » créé quinze ans auparavant et qui avait eu un grand succès. La pièce parle également d'une période cruciale de l'histoire de la Tunisie à l'époque du début de l'échec du collectivisme économique avec la collectivisation des moyens de production afin de planifier la production. « El barrani ala barra » permet de revivre des détails de la vie politique au lendemain de l'indépendance de la Tunisie, à partir des souvenirs des artistes présents sur scène et qui avaient des contacts avec les politiques. Ils sont en répétition, nonobstant les difficultés financières que leur patron traverse et empêtrés dans leur jalousie, leur misère, leur pauvreté, leur haine, leur peur et leur opportunisme. Les comédiens étaient sur une scène presque dépourvue de décor, à l'exception de leur chaise et d'une double échelle où l'une des deux danseuses de la troupe y effectue des acrobaties de cirque faisant rappeler du travail des jongleurs et artistes de gymnastique à l'époque de l'âge d'or du Cafichanta. Au fond de la scène, un écran permet de voir des photos de leaders politiques, à l'image de Habib Bourguiba et de Farhat Hached et d'images d'actualités sur la Tunisie durant la colonisation française. Travaillé au millimètre près A la question du « Temps » pour savoir pourquoi le rythme de la pièce était parfois incohérent et si cela est dû au fait qu'il s'agit d'une répétition d'un spectacle, le metteur en scène Lassâad Ben Abdallah nous a indiqué qu'il n'y avait aucune incohérence et que l'équipe a travaillé au millimètre près. « Il n'y avait pas de déplacements aveugles » a fait savoir le metteur en scène qui a ajouté que cette pièce sera rejouée à partir du mois d'octobre prochain à la salle « Le Rio. » Notre interlocuteur a ajouté qu'il fallait s'adapter à la scène exceptionnelle du théâtre de plein air d'Hammamet pour jouer ce vaudeville et ce spectacle tragi-comique musical pour faire rire.