Un consensus, ce n'est jamais facile. Cela se joue toujours sur le fil du rasoir. Parfois il faut caresser dans le sens du poil, d'autres fois nager à contre-courant tout en se retournant de temps en temps pour mieux donner le change, en s'échinant à redresser la voile une fois à bord pour que le navire n'aille pas percuter un iceberg, dressé, dangereusement sur son passage, pour saborder l'embarcadère. Tout en s'échinant à réunir les antipodes dans le même carré. Ce qui n'est pas une mince affaire ! Voilà à quoi pourrait ressembler un remaniement ministériel, sous des auspices un tantinet tumultueuses, lorsqu'il n'aboutit pas, par fatigue ou par usure, à un jeu de dupes qui ne trompe personne, ce qui n'est pas, franchement, la meilleure des idées. Dans une conjoncture, pour le moins, inconfortable, il ne faudra pas hésiter à taper du poing sur la table, pour imposer un changement qui soit véritablement conséquent. Et qui induit un tournant, qui n'a pas d'autre choix que d'être décisif, pour sortir le pays du marasme, sans qu'il soit obligé, par la suite, de respirer en apnée parce qu'il n'aurait pas eu la tête, suffisamment hors de l'eau pour s'en tirer. D'une manière définitive cela s'entend. En dents de scie, ça grince. Et ça fait du sur place lorsqu'il faudrait une avancée à pas de géants. Comment et de quelle façon s'y prendre pour ne pas fâcher son monde, tout en mettant en ligne de mire, d'abord, et avant toute chose, l'intérêt suprême de la patrie ? Voilà le défi auquel devra s'atteler le Chef du gouvernement Youssef Chahed, et qu'il devra relever haut la main s'il ne veut pas se retrouver, au bout du compte, au même point de départ, déconfit, confus et désemparé, d'avoir raté sa sortie, parce qu'il aurait fait le mauvais choix. Un exercice d'équilibriste pas piqué des hannetons. Il est dans son rôle, il ne faudra pas qu'il passe la main. Après tous les efforts consentis, ce serait bien dommage...
