A l'issue de la publication du Rapport annuel de Davos, l'Institut Arabe des Chefs d'Entreprise (IACE) a organisé hier une conférence de presse pour revenir sur les résultats du rapport de Davos et plus précisément le classement de la Tunisie par le World Economic Forum. La Tunisie s'est maintenue au 95éme rang sur 138 pays dans le classement de la compétitivité globale établi par le Forum économique mondial de Davos pour l'année 2017/2018. En effet, la Tunisie a ainsi obtenu un score de 3,92. Toujours selon le rapport, le classement de la Tunisie a chuté du 32éme rang en 2010, son meilleur score, au 40éme en 2011, 83éme en 2013, 87éme en 2014, 92éme en 2015 et finalement elle s'est maintenue au 95éme rang pour les deux années successives 2016 et 2017. A l'échelle internationale, le Top 5 n'a pas enregistré un changement significatif à l'exception de la permutation de classement des Etats Unis d'Amérique et le Singapour : La Suisse, suivie des Etats-Unis, le Singapour, les Pays-Bas et l'Allemagne occupant la 5éme place. La Suisse occupe la première place depuis le lancement de ce classement en 2009. Quant à la France, sa compétitivité a légèrement reculé par rapport à l'année dernière et se classe actuellement au 22éme rang. Classement de la Tunisie : 7 améliorations, 4 dégradations et une stagnation En faisant la comparaison avec l'édition précédente, le rapport fait ressortir que le classement de la Tunisie a connu 7 améliorations, 4 dégradations et une stagnation. En fait, les dégradations touchent les exigences de base suivantes : un recul de 2 points au niveau des institutions, un recul inquiétant de 10 points au niveau environnement macro-économique, dégradation de 2 points au terme du marché de l'emploi et finalement une dégradation de 5 points à l'échelle de la maturité technologique. D'importantes avancées au niveau du marché financier Les améliorations s'expliquent en termes d'un gain important de 11 points au niveau de l'enseignement supérieur ainsi que 9 points d'amélioration en ce qui concerne le marché financier. Toutefois, La stagnation est liée à la taille du marché tout en gardant la position au 69 éme rang. La Tunisie a été classée dans le troisième tiers des pays retenus dans le rapport D'autre part, Majdi Hassan, directeur exécutif de l'IACE a fait savoir que la Tunisie devancée par le Maroc et l'Algérie est dixième pays arabe. « La Tunisie a été classée dans le troisième tiers des pays retenus dans ce rapport, alors qu'elle était dans le premier tiers, il y a quelques années. Les résultats du rapport ont fait ressortir que la dégradation du classement de la Tunisie au plan macroéconomique est due essentiellement à sa dégradation liée au déficit budgétaire 108ème contre 84ème en 2016 et à la dette publique 88ème contre 81ème. Ainsi, le marché de l'emploi a affecté son classement, passant du 135ème rang au 133ème, soit parmi les trois derniers pays dans la liste », a-t-il déclaré. Dans le même contexte, Majdi Hassan a dévoilé les recommandations de l'IACE pour la Tunisie. Il s'agit tout d'abord, d'entamer un débat national pour la productivité et la flexi-sécurité, de rattraper le retard pour les infrastructures, continuer l'assainissement des Finances publiques et finalement, mettre en exergue une politique industrielle et développer des filières. Et d'ajouter : « il est nécessaire de réformer les réformateurs c'est-à-dire l'administration elle-même ». La corruption et le marché parallèle ont asséché le budget d'Etat Prenant la parole, Walid Belhaj Amor, vice-président de l'IACE a affirmé que la situation est inquiétante face à un pouvoir politique qui dispose peu ou prou de marges de manœuvres. « Le classement médiocre de l'économie tunisienne fait montre d'un Etat fragile. Il faut reconnaître que la situation est préoccupante surtout que les gouvernements successifs post-Révolution n'ont pas les moyens de mener une politique audacieuse capable de redonner du souffle à l'économie. Les investisseurs déplorent toujours une bureaucratie accablante bloquant l'initiative privée, la mise en œuvre des réformes et l'esprit créatif. Par ailleurs, la corruption et le marché parallèle, ont asséché les ressources du budget de l'Etat, d'où la nécessité de lutter radicalement contre ces phénomènes ravageurs. On laisse proliférer la corruption et le marché parallèle qui deviennent des formes de transferts sociaux. Du fait, le secteur formel se meurt d'autant plus que l'Etat n'ayant plus de ressources rajoute de la pression fiscale sur les entreprises. L'Etat contribue à la dégradation de l'économie nationale puisqu'il pousse le secteur formel à intégrer l'informel. Aujourd'hui il semble que l'Etat n'a pas les moyens ou la volonté d'intervenir sur ce cercle vicieux », a-t-il expliqué. Il est à rappeler que le rapport annuel de Davos évalue chaque année les facteurs de la productivité et de prospérité de 138 pays, offrant un classement de la compétitivité mondiale. Ce classement est basé sur l'indice mondial de la compétitivité calculé à partir des 12 piliers dont notamment des infrastructures, des intuitions, la santé et l'éducation primaire, l'efficacité du marché du travail, l'environnement macroéconomique et le développement du marché financier...