Samedi, ils se sont retrouvés très tôt dans la matinée devant la coupole d'El Menzah. Eux, ce sont les bénévoles de l'Association «Un enfant, des sourires » et ceux du Croissant rouge, district de l'Ariana. Ils se connaissent tous très bien car cela fait maintenant des années qu'ils parcourent de longues distances ensemble, accomplissent des actions humanitaires et concrétisent des rêves. Tous savent parfaitement où les mènera ce bus dans lequel ils montent tous, le cœur allègre et la mine enjouée. Encore une fois, la mission ne sera pas aisée mais à cœur vaillant, rien d'impossible. Il leur a fallu pas moins de quatre heures pour arriver à destination. C'est que l'école dans laquelle ils se sont rendus est située à Aïn Draham, à la frontière tuniso-algérienne. Ce coin perdu, l'Association « Un enfant, des sourires » le connaît très bien puisqu'elle y œuvre, presque dans l'ombre, depuis 2011. En 7 ans, il y a eu une centaine d'allées et venues, des dizaines d'actions réalisées et une dizaine d'écoles ciblées. C'est qu'à l'origine de la création de cette association, un désir clair, celui d'améliorer les conditions de vie et d'étude d'écoliers vivant dans la précarité extrême. Depuis 2011 et malgré quelques actions menées dans d'autres régions, les efforts de l'Association se sont focalisés sur Aïn Draham et ses villages perdus au milieu de nulle part. Ouled Dhifallah, Zwitina, Jbal Dinar, Rouii... Autant de villages éloignés de tout et de tous, nécessitant d'urgentes interventions sur tous les plans, mais qui n'ont pratiquement trouvé d'oreille attentive que du côté de la société civile. Dans ces zones dévastées par la misère, l'Association est intervenue à plusieurs reprises pour retaper à neuf des écoles, équiper des salles de classe, fournir les fournitures scolaires aux élèves et des habits chauds en hiver ou encore les emmener en excursion à Tunis pour leur faire découvrir des parcs d'attraction et leur ouvrir de nouveaux horizons. Samedi dernier, les bénévoles de l'Association étaient de nouveau en mission, armés de leur courage et de leur bonne humeur. Direction, Mechrawa, un village d'AIn Draham également dont l'association a parrainé l'école et y a financé, en partenariat avec des sponsors et la direction régionale de l'éducation, d'importants travaux d'aménagement afin d'offrir aux élèves un environnement scolaire adéquat. La tâche n'a pas été aisée et a nécessité de longs mois de préparatifs et d'implication. Les travaux ont englobé les salles de classe, les sanitaires, la cour de l'école et la création d'un espace pour la classe préparatoire en plus de l'équipement d'une salle de jeux et de lecture. Un travail titanesque pour une association qui accomplit depuis des années des miracles mais qui préfère ne pas trop faire parler d'elle, laissant à l'écho de ses actions le soin de faire du bruit. Samedi dernier, les bénévoles, accompagnés des sponsors ayant gracieusement participé aux travaux ont donc officiellement inauguré l'école Mechrawa. De plus, tous les élèves ont reçu leurs kits scolaires composés de cartables, tabliers, manuels, cahiers et autres fournitures scolaires. Une double réussite pour toutes les personnes qui ont mis du cœur à l'ouvrage, malgré les obstacles, pour faire de ce rendez-vous un moment magique pour cette centaine d'enfants que la vie ne gâte d'habitude pas. Si l'Association « Un enfant, des sourires » préfère travailler en toute discrétion, il n'en reste pas moins que derrière ses actions réussies se trouve une chaine solidaire très efficace, à sa tête l'actuelle présidente Ines Rajhi. Pour cette trentenaire, aider autrui est un devoir et surtout les enfants. Depuis des années, elle s'est impliquée corps et âme pour concrétiser des rêves et changer l'impossible en possible. Présente sur tous les fronts, elle force l'admiration par sa ténacité et son altruisme. Elle est le cœur battant de l'Association et est le noyau autour duquel gravitent les bénévoles. Elle est celle qui n'abandonne jamais et c'est le secret de pérennité de son association. A l'issue de l'action du samedi, les bénévoles ont d'ailleurs tenu à lui rendre hommage en lui écrivant des mots de remerciement personnels dont l'écho, dit-elle, restera à jamais gravé au fond de son cœur. « Un enfant, des sourires » est une des rares associations qui a résisté à l'effet de mode et au boom post-révolutionnaire de la société civile. Modèle d'intégrité et de dévouement, on ne peut que lui tirer son chapeau en espérant que d'autres associations en prennent du grain.