Hamza est un jeune vidéaste de 23 ans, passionné par l'image et reconnu pour son talent dans le domaine de l'audiovisuel. Depuis quelques temps, lors des tournages en extérieur, le jeune homme utilisait un drone pour une meilleure qualité d'image. Le rendu n'en était, en effet, que meilleur. Il y a quelques jours, Hamza a été arrêté car il a été « intercepté » en possession d'un drone dans son sac à dos. Depuis, le jeune homme a plié bagage et s'est installé en France. Encore un! A l'instar d'autres jeunes, Hamza a fait les frais d'une loi désuète et d'un système répressif qui resserre de plus en plus l'étau sur les libertés au lieu d'encourager la créativité et les talents. La loi selon laquelle l'utilisation des drones est interdite et passible de sanction remonte à un arrêté datant de 1995, soit à plus de 20 ans et alors que ces engins volants n'étaient pas encore utilisés à des fins artistiques ou de recherche et servaient seulement à usage militaire par les forces armées ou de sécurité dans certains pays. Depuis quelques temps, l'usage des drones s'est étendu à des fins autres que sécuritaires et les pays ont alors modifié leurs législations pour en codifier l'usage sans pour autant priver leurs détenteurs. En Tunisie, la loi n'a pas changé et ce, malgré le boom mondial qu'a connu la vente de drones civils dans le monde et sa généralisation à des domaines qui ne constituent, en aucun cas, une menace sécuritaire. Selon cette loi, tout utilisateur de drone doit d'abord obtenir une autorisation conjointement délivrée par quatre ministères, à savoir celui de l'Intérieur, de la Défense Nationale, de l'Equipement et de l'Habitat et enfin du Transport. De plus, il faut également obtenir une homologation du Centre d'études et de Recherche des Télécommunication. En outre, cette autorisation n'est valable qu'un mois et toutes les étapes d'utilisation du drone doivent être déclarées et validées. A noter que la paperasse demandée pour l'obtention de cette autorisation est digne de rebuter même les plus hardis ce qui explique que bien des drones civils ne sont pas déclarés et son utilisés dans la « clandestinité ». Parce que le cas de Hamza est loin d'être isolé, une campagne intitulée «Sayeb el drone » a été lancée sur les réseaux sociaux depuis un bon moment pour inciter les autorités à revoir la loi qui incrimine l'utilisation des drones civils. Or, la législation n'est pas près de changer si l'on se réfère aux communiqués publiés par les forces de l'ordre à chaque perquisition d'un nouveau drone. Ils sont, en effet, alarmistes et emplis de sous-entendus et d'expressions faisant allusion, sans vraiment le mentionner, que le détenteur de l'engin est un individu dangereux qui voulait menacer la sûreté de l'Etat. Or, la majorité des drones interceptés étaient de nature civile et servaient à des fins cinématographiques, artistiques ou de recherche. Face à cette vague d'arrestations de vidéastes et de confiscations de matériel, la campagne « Sayeb el drone » a porté haut et fort les doléances des utilisateurs de drones civils qui ont choisi pour slogan « Celui qui a un drone n'est pas un terroriste », largement relayé par les internautes. Leurs demandes trouveront-elles écho auprès des autorités ? Peu sûr tant l'absence de volonté politique est évidente à ce sujet, ce sujet ne faisant pas partie des priorités du gouvernement et des ministères.