Pour la sixième fois consécutive, quatre artistes se retrouvent et exposent leur collection au club Tahar Haddad. Conjuguant leurs univers propres, elles font naître une vision d'ensemble marquée par les recherches chromatiques et les glissements de sens... Le club culturel Tahar Haddad accueille une rencontre plastique des plus originales. Elles sont quatre artistes à exposer leurs oeuvres et ont choisi d'intituler leur collection "Rencontre 6". Pourquoi cet intitulé? Parce que ces artistes exposent ensemble pour la sixième fois et poursuivent cette synergie collective simultanément à leur parcours individuels. Ces quatre artistes sont Karama Ben Amor, Hayfa Takouti, Fatima Frikha et Hadhami Soltan. Leurs univers sont très différents mais se complètent pour cette exposition des plus attrayantes. Une symphonie à quatre voix Karama Ben Amor a choisi d'explorer le thème de l'oeil et décline en cinq tableaux des yeux gigantesques, écarquillés et symboliques. Jouant sur la mise en abyme, l'artiste intitule ses oeuvres "Mon oeil", "Lisez-moi", "Intimité" et "Tes yeux sont ma passion". Toutefois, le titre le plus marquant est le suivant: "Nous sommes tous prisonniers de la perception que les autres ont de nous". Cette oeuvre précise a valeur de manifeste pour l'artiste dans la mesure où elle résume son propos et sa méthode. Au fil des ans, les oeuvres de Karama Ben Amor gagnent en maturité et aussi en termes de conceptualisation. Cette nouvelle exposition le souligne et met en valeur une démarche raisonnée et un travail plastique appréciable. Pour sa part, Hayfa Takouti a choisi une opacité volontaire au niveau des titres. Cette artiste qui est également connue comme photographe, s'est lancée dans une approche chromatique débridée de bon aloi. On retrouve dans ses travaux des lignes de fuite, des échappées métaphoriques et une dose de mystère. En sept oeuvres, elle met le regard en face d'un univers débridé, riche en distorsions de sens et baignant dans des halos qui évoquent aussi la lumière photographique. Ciel stellaire et cosmos virtuel Hadhami Soltani cultive la même atmosphère, ne donne pas de titres à ses quatre tableaux et promène nos regards dans son monde propre. Là encore, le chromatique l'emporte sur le figuratif et offre des perspectives entre formes et couleurs. Fatima Frikha, enfin, plane dans un ciel stellaire, en plein cosmos. Intitulant ses oeuvres "Uranus" ou "Jupiter", elle semble chercher une sorte de pierre philosophale égarée dans l'éther. Puissantes, ses oeuvres suggèrent une inépuisable profusion et occupent systématiquement l'espace de la toile. Les quatre artistes sont réunies jusqu'au 14 novembre, donnant ainsi aux cimaises du club Tahar Haddad l'allure d'une symphonie à quatre voix voire d'un opéra visuel où quatre sensibilités dialoguent, se conjuguent, s'interpellent. A voir absolument!