Traduisant la poésie en lumière, Othman Babba évolue entre les mots et la peinture et parvient à restituer les univers littéraires de René Char, Souf Abid et maintenant Monia Boulila. Une oeuvre surprenante... C'est au club Tahar Haddad que Othman Babba a choisi de présenter sa nouvelle collection d'œuvres plastiques inspirées de la poésie et porteuses d'un univers chromatique original. Inaugurée mardi 9 février, cette exposition se poursuivra jusqu'au 27 février. C'est en 2000 que Othman Babba avait été découvert par le grand public. Depuis, il a consolidé une démarche personnelle ancrée dans une relation forte avec la poésie et présenté de nombreuses expositions qui lui valent aujourd'hui d'être largement reconnu. De l'écorce des mots au sens profond du poème En 2000, Babba avait choisi d'interpréter plastiquement la poésie de Souf Abid et celle de René Char. L'artiste qualifie sa démarche de traduction dans le domaine plastique d'un art au départ verbal. Sans rejeter les termes d'inspiration ou d'adaptation, il leur préfère celui de traduction qu'il juge plus apte à décrire son approche. Mettant en valeur les mots de René Char et Souf Abid, Othman Babba avait de prime abord convaincu. Loin des stéréotypes, il prônait une démarche fondamentalement personnelle et tentait de restituer la quintessence du poème, son sens profond, et non pas l'écorce des mots. Depuis, Babba a régulièrement exposé et ses dernières collections ont été présentées un peu partout. En 2012, il proposait une collection intitulée "Chroniques d'une révolution" dans laquelle il décrivait les soubresauts des jours. Les années suivantes, il a présenté "Eternelle" en 2013 à la galerie Bel Art et "Harmony" en 2014 à la galerie Aire libre. Enfin, en mars 2015, il investissait les cimaises de la galerie Hédi Turki à Sidi Bou Saïd avec ses rêves entre poésie et peinture. Les voyelles de l'or du temps Othman Babba revient cette année avec ce rendez-vous au club Tahar Haddad. Sa nouvelle collection s'intitule "La couleur des mots" et renvoie à un ouvrage poétique de Monia Boulila qui porte le même titre. En 23 tableaux, Babba traduit les poèmes de Boulila. Il en transfère la verve et la sève sur ses propres oeuvres et ainsi les prolonge dans un autre art. Les tableaux sont issus des poèmes et se caractérisent par leur luxuriance et leurs couleurs d'une vivacité qui interpelle le regard. Sans fioritures, en ayant recours à des arabesques métaphoriques, Babba revisite la poésie de Boulila et donne à voir sa propre poésie. Parfois géométriques, souvent débridées, ses oeuvres sont au coeur des éléments dans des tonalités dominées par le bleu des cimes et la blancheur immaculée des villes rêvées. Allant à la recherche de la couleur des mots, Babba nous confronte à une palette troublante que les grands formats mettent bien en valeur. Et le regard songeur de voguer vers les "Voyelles" de Rimbaud et l'or du temps celé en toute poésie. A découvrir jusqu'au 27 février!