Grèves de taxis par-ci, grèves des transporteurs de carburants par-là, les Tunisiens et plus particulièrement les habitants de la capitale font régulièrement face à des difficultés pour se déplacer. Et parce que la grève est un acquis démocratique et qu'il est impensable de l'interdire malgré la répercussion désastreuse de certaines, il a fallu trouver des solutions de transport alternatives à adopter en temps de crise mais aussi, pourquoi pas, au quotidien. En Europe, aux USA et ailleurs, les vélos en libre-service et autres « Uber » ont révolutionné le transport, redéfini le terme mobilité et facilité la vie de centaines de millions d'usagers. Simples d'utilisation, économiques et efficaces, ces projets, qui ont cartonné dès leur lancement, doivent leur succès au fait qu'ils aient résolu un des problèmes majeurs du citoyen lambda au quotidien. La recette est certes simple, encore fallait-il y penser et surtout mettre en place un système performant et fiable. En Tunisie, malgré l'émergence de certaines tentatives par le passé, les problèmes de transport restent l'un des problèmes majeurs des citoyens surtout dans les grandes villes et plus particulièrement à Tunis qui connaît un encombrement aussi bien sur les routes qu'au niveau des moyens de transport en commun. Quant à attraper un taxi en heure de pointe, cela relève du miracle. Estimant que cette problématique n'a que trop duré et y voyant une niche potentielle, de jeunes entrepreneurs ont décidé de miser sur les services de transport alternatifs. Parmi ces projets prometteurs, celui de « Doora », porté par la start-up lancée par Adel Bezzine et Ahmed Baat. Il s'agit de vélos qui seront proposés en libre-service dès le début de l'année 2018. Le déploiement sur tout le territoire de ce service se fera graduellement et débutera au niveau du Lac 1 et du Lac 2 comme le confirment les deux entrepreneurs. Adel Bezzine précise : « Environ 250 vélos seront mis à la disposition des usagers dans un premier temps et le nombre sera décuplé au fur et à mesure de l'extension du réseau « Doora » dans les villes». En plus de partenaires privés dont la société tunisienne Euro-Cycles, spécialisée dans la fabrication et la commercialisation de vélos destinés à l'export, le projet est appuyé par la Société de Promotion du Lac de Tunis (SPLT), le ministère du Transport et celui de l'Environnement et du Développement Durable ainsi que le Gouvernorat de Tunis et les Mairies du Kram, de La Goulette et de Tunis. A l'origine de « Doora », l'idée est de désengorger les routes tout en offrant aux Tunisiens un moyen de transport simple, économique et bon pour leur santé. Se rendre au travail ou à un rendez-vous en pédalant permettra également un précieux gain de temps tant la problématique des stationnements et des parkings est un cauchemar récurrent pour les conducteurs. Seul bémol, en Tunisie, il n'existe pas sur nos routes des zones cyclables exclusivement réservées aux cyclistes et au vu de la conduite bien souvent irréfléchie de certains conducteurs, le danger reste bel et bien présent.