Les événements du film "The train of salt and sugar" de Licinio Azevedo (Mozambique), ayant remporté le Tanit d'Or mais aussi le prix de la meilleure image de la compétition officielle des longs-métrages de fiction de la 28ème édition des Journées cinématographiques de Carthage commencent dans une station délabrée de la ville Nampula, au nord du Mozambique, où des passagers, en majorité des femmes, jeunes, petits et nouveaux nés, aux visages portant les stigmates d'un quotidien douloureux, leur bagages entassés tout autour , attendaient l'arrivée du D67, le train qui devait les emmener au Malawi. La détresse se voit dans leurs yeux mais l'espoir semble plus grand que la douleur qui les habitait dans un pays en ruine ravagé par les dégâts d'une guerre civile sans merci. Supporter l'insupportable et s'aventurer à bord d'une locomotive dont le destin n'est pas certain, est le seul moyen de survie pour ces femmes et petites familles appauvries parties au Malawi pour échanger leurs sacs de sel contre du sucre. Après une longue attente sous la chaleur, aussi bien du climat que des lieux, arrive enfin le train qui devrait les embarquer pour leur destination. A bord du D67, le réalisateur brésilien Licinio Azevedo, plonge les spectateurs dans un drame, à la fois douloureux mais combien captivant, à bord d'un train pour un trajet sur les rails de l'enfer. Plusieurs pays sont partenaires dans la production de cette fiction de 93 mn à laquelle s'associent le Portugal, le Mozambique, le Brésil, la France et l'Afrique du Sud. Ce drame de 93 minutes est une adaptation du livre de Licinio Azevedo, d'après une enquête de terrain réalisée en 1992. Il remonte vers la fin des années 80 au Mozambique dressant un tableau multicolore, dans un décor proche des films western, pénétrant les splendides scènes de la nature et les larges territoires donnant sur les monts culminants d'une hauteur de 2000 mètres. Mais les beaux paysages du pays ne sont plus qu'un rêve inaccessible pour ces gens cédant ainsi la place à des scènes de violence où seule la loi du plus fort prévaut. Dans cette ex-colonie portugaise, le périple s'annonce dur avec une infrastructure jamais entretenue depuis des décennies et une station où ils devaient encore sauter en bas du quai de la station. Sur le seul wagon pour voyageurs, ils se sont entassés dans une sorte de locomotive à ciel ouvert. Une escorte militaire, de plusieurs soldats et leur commandant, bien armés et farouches, les accompagne dans un voyage périlleux de plusieurs jours. Roulant lentement à moins de 50km/h, le train est souvent exposé à des attaques des membres de l'armée rebelle qui les attendaient dans la brousse. Sur le chemin du voyage, des histoires ressurgissent et des liens se forment, des histoires d'amour naissent et de nouvelles vies se créent. D'un côté, il y a les forces du bien avec Mariamu, une habituée du D67, Rosa, la jeune infirmière qui s'apprête à rejoindre son poste dans un hôpital et le lieutenant Taiar. De l'autre il y a celle du mal et le personnage de Salomao, un soldat dont les pratiques sont celles des temps de guerre où tout est permis et tout est possible. Les passagers, les femmes notamment, sont une proie facile pour certains militaires. Malgré les dépassements, la bravoure des militaires a été agréablement filmée dans des scènes de combat où ils risquaient leurs vies pour défendre les leurs. D'un ton ironique, à la nouvelle station improvisée par les rebelles où est indiquée "Bienvenue en enfer ", le commandant de l'escorte militaire se disait prêt à se transformer "en singe" pour attaquer ces rebelles qui cherchaient à les déstabiliser par une tête accrochée horizontalement sur une planche au milieu des rails. Bravant les dangers au milieu des barrages, les tirs des ennemis, les balles, les têtes tranchées et les corps ensanglantés, le train arrive enfin à destination avec le corps d'un rebelle attaché sur le convoi. Et "la lutte continue", tel qu'est écrit vers la fin en sous-titrage qui accompagne le dialogue en portugais, des personnages et certaines séquences de narration. Malgré la violence, la pauvreté et la haine qui accablaient les Hommes en ces temps difficiles au Mozambique, le film est porteur d'une grande lueur d'espoir pour tout peuple secoué par les aléas de la vie et de la guerre. C'est aussi un prototype d'un scénario qui ne cesse de se répéter sur le Continent noir. Les guerres civiles ont et continuent de sévir avec leur atrocité et leurs dégâts inébranlables. De son titre portugais en "Combio De Sal e Açuar", ce film, sorti en 2016, a été projeté à guichets fermés, pendant les premiers mois de sa sortie au Mozambique. Il a, depuis, raflé des prix dans plusieurs festivals avec le Bocallino d'Or au Festival de Locarno, le prix du meilleur réalisateur au Festival du film du Caire, celui du meilleur film au J'Oburg Film Festival et la mention spéciale au Festival international Vues d'Afrique de Montréal. Dernièrement, le film a été désigné pour représenter le Mozambique, à la section du meilleur film étranger, pour les prochains Oscars 2018. Le Palmarès Le film "The train of salt and sugar" de Licinio Azevedo (Mozambique), a remporté le Tanit d'Or de la compétition officielle des longs-métrages de fiction de la 28ème édition des Journées Cinématographiques de Carthage dont le palmarès a été annoncé lors de la cérémonie de clôture organisée samedi soir au Théâtre municipal de Tunis. Le Tanit d'Argent a été attribué dans la même catégorie au long-métrage "Inxeba" (Les initiés) de John Trengov (Afrique du Sud) alors que le Tanit de Bronze a été décerné au long métrage "Volubilis" de Faouzi Bensaidi du Maroc. Le film tunisien "Vent du Nord" de Walid Mattar a remporté le Tanit d'Or de la Compétition première œuvre " Prix Tahar Chériaa " ainsi que le prix TV5 Monde et le prix du meilleur scénario dans la compétition officielle des longs métrages de fiction. Le Prix de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) du meilleur scénario dans un film tunisien de fiction a été décerné au long métrage "La belle et la meute" de Kaouther Ben Hania. Le Tanit d'Or de la compétition des courts métrages documentaires a été décerné au film "Jackenson-from street kid to champion" de Linda Diatta et Jean Marc Poteau du Niger alors que dans la catégorie des courts de fiction le Tanit d'Or a été remporté par le film "Aya" de Moufida Fedhila de Tunisie. Le Tanit d'Or dans la compétition officielle des longs métrages documentaires a été attribué au film "Koro du Bakoro" de Simplice Ganou Herman (Burkina Faso). La 28ème édition Journées Cinématographiques de Carthage a vu le cinéma tunisien occuper le premier rang avec neuf prix sachant que le cinéma tunisien a participé avec dix films parmi 51 films arabes et africains ayant concouru dans les quatre catégories de la compétition officielle. Voici le palmarès complet de la 28ème édition des JCC qui s'est déroulée du 4 au 11 novembre 2017 ayant connu l'affluence record cette année de plus de 250 mille spectateurs qui ont vibré au rythme du cinéma de tous les coins du monde durant une semaine de projections d'environ 60 films par jour: Compétition officielle des longs métrages de fiction Tanit d'Or : "The train of salt and sugar" de Licinio Azevedo (Mozambique) Tanit d'Argent : "Les initiés"ou "Inxeba" de John Trengove (Afrique du Sud) Tanit de Bronze :"Volubilis" de Faouzi Bensaidi (Maroc) Prix du meilleur Montage : "En attendant les hirondelles" de Karim Moussaoui (Algérie) Prix de la Meilleure Image : "The train of salt and sugar" de Licinio Azevedo (Mozambique) Prix de la meilleure musique originale : "Félicité" d'Alain Gomis (Sénégal) Prix du meilleur scénario : "Vent du Nord" de Walid Mattar (Tunisie) Prix de la meilleure interprétation féminine : Véro Tchanda Beya pour " Félicité " d'Alain Gomis (Sénégal) Prix de la meilleure interprétation Masculine : Adel Moneem Chwayet pour son rôle dans " Mustapha Z " de Nidhal Chatta (Tunisie) Compétition officielle des courts métrages fiction Le Tanit d'Or : "Aya" de Moufida Fedhila (Tunisie) Le Tanit d'Argent : "Dem Dem ! " de Lopy Papa Bouname, Christophe Rolin et Marc Recchia (Sénégal/Luxembourg) Le Tanit de Bronze : "Affabilité" d'Ahmed Nader (Egypte) Mention spéciale :"Les Secret des vents" d'Imène Al Nasiri (Tunisie) Compétition officielle des longs métrages documentaires Le Tanit d'Or : "Koro du Bakoro" de Simplice Ganou Herman (Burkina Faso) Le Tanit d'Argent : "Kemtiyu-Cheikhanta" d'Oussmane William Mbaye (Sénégal) Le Tanit de Bronze : "Au-delà de l'ombre" de Nada Mezni Hefaiedh (Tunisie) Mention spéciale : "Ghost hunting" de Raed Andoni (Palestine) Compétition officielle des courts métrages documentaires Le Tanit d'Or : "Jackenson-from street kid to champion" de Linda Leila Diatta et Jean Marc Poteau (Niger) Le Tanit d'Argent : "Pas de port pour les petits bateaux" de Joëlle Abou Chabke (Liban) Le Tanit de Bronze : "Gaza by her" de May Odeh et Riham Al Ghazali(Palestine) Mention spéciale : "Cloch'Art" de Manel Katri (Tunisie) Prix Tahar Chriaa " 1er œuvre " de long métrage : Le Tanit d'Or : "Vent du Nord" de Walid Mattar (Tunisie) Prix spécial TV5 Monde "Vent du nord" de Walid Mattar (Tunisie) Prix spécial CNCI de l'image " Ali Ben Abdallah " pour un film de long métrage en compétition : "Force majeure" de Mohamed Sia (Egypte) Le prix UGTT du meilleur scénario de film tunisien de long métrage de fiction: "La Belle et la Meute" de Kaouther Ben Hania (Tunisie)