Inauguré durant la récente édition des Journées théâtrales de Carthage, le Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine s'active déjà et a établi son programme pour 2018. « Le Temps » a rencontré Taoufik Gassoumi, directeur de cette institution culturelle pour en savoir plus sur ses activités. Le Temps : Allez-vous entreprendre au sein du CADSK une politique spécifique en direction de la créativité et de la production dramatique et scénique ? Taoufik Gassoumi : C'est une institution et un théâtre régional où il sera tenu compte du cadre géographique et des spécificités culturelles, démographiques et mêmes anthropologiques de la région. Le centre est la première institution de production et de distribution théâtrale dans le gouvernorat de Kasserine. Ses axes s'articulent sur la formation, l'organisation de manifestations et la production de spectacles visuels. Et outre le théâtre, il s'agira de cinéma, de danse, de chorégraphie, de danse-théâtre...Le travail avec le corps, les arts visuels et corporels y compte beaucoup aujourd'hui. Car l'image prend le dessus, de nos jours, au niveau du choix du public des pièces qu'il voudrait voir. . Le centre va-t-il recevoir et travailler avec des troupes théâtrales amatrices et professionnelles existant et travaillant dans le gouvernorat de Kasserine ? -Le CADSK va effectivement être en relation avec les troupes de théâtre amateur, professionnel et scolaire. Cela se passera au sein d'une école de formation existant in situ et pluridisciplinaire allant du théâtre, au cinéma et à la critique cinématographique. Nous avons également un programme qui sera organisé au printemps prochain avec les écoles françaises en Tunisie afin de voir d'autres gens et s'ouvrir sur d'autres cultures. . Qu'avez-vous préparé pour la saison 2017-2018 comme pièces et créations de spectacles d'arts visuels ? Nous avons déjà établi en 2017 une convention de partenariat avec les Journées théâtrales de Carthage qui nous a permis de recevoir une pièce algérienne intitulée : « The last play » sur un texte de Falah Chaker, adaptée et mise en scène par : Okbaoui Cheikh. Cela a eu lieu dans le cadre de la manifestation : «Al inzel athakafi » (Le parachute culturel), organisée du 7 au 14 décembre à l'occasion de l'ouverture du centre. Le film : « A la kaf ifrit » (La belle et la meute), de Kaouther Ben Hénia, y a été également projeté. L'Etat a réalisé que la solution pour vaincre les problèmes du terrorisme et économiques est la culture et le théâtre spécifiquement. Nous avons d'autre part notre vision au niveau du parcours de production pour 2018.Il y sera produit quatre œuvres théâtrales. Nous avons commencé avec un premier travail théâtral. Il s'agit de la pièce : « Kontra », mise en scène par Taieb Mlaiki. Le second spectacle est une opérette musicale destinée aux enfants. La troisième œuvre est un monodrame qui s'inscrit dans le cadre du théâtre expérimental en coopération avec une compagnie de danse à Lyon de Feryel Remadi. Nous avons également une autre convention avec les théâtres régionaux algériens, d'autant plus que le gouvernorat de Kasserine est limitrophe avec quatre « Wilayas » algériennes. Cela s'intitulera : « Les Journées théâtrales des frontières-JTF. » Elles faciliteront la création d'un marché culturel avec le marché algérien, qui nous amènera à des formations et à des productions collectives. . Quelles sont les dates déjà établies des représentations des nouvelles productions du Centre des arts dramatiques et scéniques de Kasserine ? -Le premier travail : « Kontra », comme déjà annoncé, sera donné au mois de mars 2018 et les autres créations s'étaleront durant l'année. En octobre 2018 démarreront les JTC, les Journées théâtrales de Cilium, l'ancienne Kasserine, en l'occurrence. Un nouveau concept où seront présentées des pièces théâtrales régionales avec une sélection préalable. . Pensez-vous que la création de centres d'arts dramatiques et scéniques à travers le pays par le ministère des affaires culturelles est une nécessité et montre réellement la richesse de la production théâtrale qui y existe ? -Depuis la création du Secrétariat d'Etat aux affaires culturelles, on ne pouvait pas évoquer l'Etat sans la culture. Après la rupture survenue avec l'inversion des rôles, une rupture délibérée a eu lieu pour frapper l'existence de l'Etat. Il fallait donc revoir la relation de l'Etat envers la culture, car cette dernière est une institution et non une activité en marge de la réalité des choses. L'Etat doit garder sa position pyramidale, car la base ne peut pas diriger. Nous prônons une politique culturelle qui s'articule sur la décentralisation culturelle. Interview réalisée par :