Des rassemblements ont eu lieu un peu partout en Iran hier en mémoire, comme chaque année, des manifestations pro-régime de 2009 qui avaient mis fin au mouvement de protestation de grande ampleur qui avait secoué le pays. La télévision d'Etat a diffusé des images d'un rassemblement à Téhéran, la capitale, et d'un défilé à Machad, la deuxième ville du pays, où la foule brandissait des portraits du Guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei. Des rassemblements étaient prévus dans 1.200 villes d'Iran. Ces défilés pro-gouvernementaux font suite à deux jours de manifestations contre la vie chère, à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays. qui, fait rare en Iran, ont pris une tournure politique. Samedi, de nouvelles manifestations anti-gouvernementales ont été signalées sur les réseaux sociaux, à Téhéran, à Kermanshah (ouest) ou encore à Shahr-e Kord. Des appels à manifester ont été postés sur internet, amenant le ministre de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani-Fazli, à émettre un avertissement. "Nous demandons aux gens de ne pas prendre part à des rassemblements illégaux. S'ils envisagent d'organiser un rassemblement, ils doivent solliciter une autorisation et leur demande sera étudiée", a-r-il dit. Vendredi, la police anti-émeutes a dispersé des manifestants à Kermanshah, au lendemain d'autres rassemblements hostiles au président Hassan Rohani dans le nord-est du pays. Ces rassemblements interviennent dans un contexte de mécontentement croissant de la population envers la politique économique du gouvernement, la corruption ou, fait nouveau, l'intervention de l'Iran dans les conflits en Syrie ou en Irak. A Kermanshah, où plus de 600 personnes ont péri lors d'un séisme le mois dernier, 300 manifestants se sont rassemblés aux cris de "Liberté pour les prisonniers politiques" ou "La liberté ou la mort". Des bâtiments publics ont été endommagés. D'autres rassemblements ont eu lieu à Sari et Racht (nord), à Qom, au sud de Téhéran, ou encore à Hamadan (ouest), d'après des images diffusées sur les réseaux sociaux dont Reuters n'a pu vérifier l'authenticité. A Téhéran, une cinquantaine de personnes se sont réunies sur une place, et la plupart ont accepté de quitter les lieux à la demande de la police, hormis quelques manifestants qui ont été "temporairement arrêtés", a déclaré Mohsen Nasj Hamadani, directeur adjoint de la sécurité pour la province de Téhéran. Ces arrestations ont été condamnées par la Maison blanche. "Le monde regarde !", a tweeté le président Donald Trump. "Nombreuses informations sur des manifestations pacifiques de citoyens iraniens qui en ont assez de la corruption du régime et de la manière dont les richesses de la nation sont gaspillées pour financer le terrorisme à l'étranger", a-t-il ajouté. A Ispahan (centre), un habitant joint par téléphone a déclaré que des manifestants avaient rejoint un rassemblement organisé par des ouvriers d'usine pour réclamer des arriérés de salaires. "Les slogans sont rapidement passés de l'économie à des slogans hostiles au (président Hassan) Rohani et au guide suprême", a déclaré ce témoin. A Qom, fief du clergé chiite, des manifestants ont scandé des slogans hostiles à Khamenei. Jeudi, une manifestation à Mashhad contre la hausse des prix et le gouvernement s'est soldée par l'arrestation de 52 personnes. Les manifestations à caractère politique sont rares en Iran, où les forces de sécurité sont omniprésentes. Les derniers rassemblements anti-gouvernementaux de grande ampleur, en 2009, visaient à protester contre la réélection du président d'alors, l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad.