Alors que tous les regards sont rivés sur les prix de plusieurs produits d'usage quotidien qui ont ostensiblement augmenté, l'Organisation Tunisienne pour Informer le Consommateur (OTIC) tire la sonnette d'alarme concernant la présence de particules cancérigènes dans de très nombreux produits importés de pays qui ne respecteraient pas les règles et normes de sécurité standard lors de leur fabrication. L'OTIC s'inquiète par ailleurs de la lenteur des contrôles sanitaires sur ces produits et invite les ministères concernés à plus de vigilance et de réactivité. Une très récente étude de l'Agence Nationale de Contrôle Sanitaire et Environnemental des Produits (ANCSEP) a mis en exergue la présence de 125 particules chimiques nocives dans des produits importés à usage quotidien tels que les vêtements, les chaussures, les cosmétiques, les jouets et autres fournitures scolaires. Ces substances seraient hautement toxiques et causeraient plusieurs maladies dont le cancer. Cette étude n'avait pas fait grand bruit car elle a été rendue publique dans un contexte déjà chargé en actualité avec notamment le dévoilement des grandes lignes de la loi des finances pour l'année 2018 qui avait suscité, comme à chaque fois, un grand bruit et retenu l'attention de tous. Toutefois, quasiment à la même période, le Gouvernement avait appelé à renforcer les contrôles techniques sur les produits importés. Aujourd'hui, l'OTIC s'inquiète du manque de répercussions des résultats de cette étude et dénoncent la lenteur et le manque de rigueur lors des contrôles techniques. L'Organisation invite les ministères de la Santé, de l'Industrie, du Commerce et des Finances à renforcer et à multiplier ces contrôles cruciaux pour la sûreté des consommateurs et les autorités à accélérer l'adoption de la nouvelle loi qui serait conforme aux normes internationales et qui interdirait l'import des produits renfermant ces substances nocives. « La loi en vigueur est complètement obsolète. Elle n'a pas été modifiée depuis une dizaine d'années et autorise toute une liste de composants qui ont été classés comme dangereux en Europe depuis des années et complètement prohibés, à l'instar de certains additifs alimentaires », déclare Lotfi Riahi, Président fondateur de l'OTIC. Il précise que la loi est actuellement en stand by au niveau de l'Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et espère que, devant la gravité et l'urgence de la situation, les choses s'accéléreront d'ici peu. Il ajoute que les produits concernés proviennent essentiellement de Turquie et de Chine et sont vendus aussi bien dans des étals anarchiques que dans les grandes surfaces. Il affirme enfin que si les normes européennes étaient enfin adoptées en Tunisie et que les contrôles techniques étaient réalisés avec plus de rigueur, plus de 70% des produits provenant de ces deux pays en particulier seraient visés par une interdiction d'import et éliminés du marché pour non-conformité sanitaire. Interrogé sur les raisons de ce laxisme face à un problème de santé publique, Lotfi Riahi a évoqué un manque flagrant de logistique mais aussi, probablement, la présence de lobbies qui tenteraient par tous les moyens de retarder l'adoption de la nouvelle loi qui nuirait lourdement à leurs affaires.