Les récentes protestations commencent à s'essouffler ; tel un virus de la grippe, les mouvements s'estompent petit à petit tout en traînant encore dans certaines régions. Seliana, Le Kram ou encore Ettadhaman ont connu quelques petites perturbations dans la nuit du dimanche au lundi. Hier, la situation était plutôt calme sur l'ensemble de la République ; ce répit laissera peut-être à certains le temps d'analyser et de comprendre ce qui se passe réellement sur la scène politique.Une scène où les divisions croissantes déstabilisent de plus en plus cette Tunisie fragile par son économie et sa sécurité. A la guerre annoncée entre les partis politiques, s'ajoute une nouvelle querelle qui, bien que certains tentent de nous la cacher, commence à pointer, clairement, le bout de son nez. Cela fait un moment que certains observateurs évoquent, timidement, des tensions entre la Kasbah et le Bardo : le président de la République, Béji Caïd Essebsi, aurait fini par succomber aux pressions des mouvements de Nidaa Tounes et de celui d'Ennahdha et pourrait, bientôt, songer sérieusement à trouver un remplaçant à l'actuel chef du gouvernement, Youssef Chahed. Une récente déclaration de la porte-parole de la présidence de la République, Saïda Garrach, est venue confirmer cette théorie. Lors d'un passage sur les ondes de Shems FM, elle a indiqué que la présidence de la République innocente toutes les parties politiques des récents actes de vandalisme survenus la semaine dernière. De son côté, Youssef Chahed avait directement accusé, la semaine dernière, le Front populaire d'avoir exploité les événements pour des fins partisanes. Bien que la porte-parole ait insisté sur le fait que le chef du gouvernement n'a, à aucun moment, accusé la coalition de la Gauche d'avoir été derrière les événements de violence, mais qu'il l'a pointée du doigt parce que cette dernière a fait de la mauvaise exploitation et a tenté de faire dans la récupération alors que ses députés à l'Assemblée des représentants du peuple ont, tous, voté en faveur de l'article de la loi de Finances 2018 relatif à l'augmentation de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). La déclaration de Saïda Garrach aurait pu passer inaperçu si la circonstance avait été autre, hors que les tensions, connues de tous, entre la direction actuelle du mouvement de Nidaa Tounes et l'équipe de la Kasbah. Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif du Nidaa, n'a en effet jamais caché son opposition à Youssef Chahed et à tout ce qu'il représente pour lui. Un jeune chef du gouvernement qui pourrait représenter, en 2019, une réelle menace électorale. L'épisode des enregistrements fuités de la réunion des cadres de Nidaa Tounes a confirmé, depuis longtemps, cette dualité entre les deux hommes.