Un nouveau livre s'ajoute à la bibliothèque théâtrale tunisienne, intitulé « Le théâtre tunisien, Parcours de modernité » de son auteur Abdelhalim El Messaoudi, universitaire spécialiste en esthétiques théâtrales, critique dramatique. Il est paru récemment, publié par l'Institut du Théâtre Arabe. Le livre trace les différents parcours qui ont déterminé le théâtre en Tunisie, et ont défini ses caractéristiques depuis les années soixante, avec la parution du « manifeste du onze autour du théâtre », au journal la Presse sous l'égide du rédacteur en chef Youri Bosquet en 1966. Le manifeste avait alors, un grand écho dans le paysage culturel et même politique. Il avait contribué à des transformations majeures et radicales, et à l'émergence d'un nouvel esprit révolté, nourri de nouvelles idées et ayant une vision moderne du théâtre. On prônait pour un art qui devait épouser de nouvelles formes esthétiques, aborder les questions sociales et les préoccupations majeures du pays et du peuple, et aussi établir une osmose entre l'expression théâtrale et le projet d'une construction de la société qui était déjà conçu à cette époque de post indépendance par l'Etat. L'auteur du livre étudie par la suite, les répercussions de ce manifeste, bien sûr positives, même du côté de l'Etat qui était apparemment de mèche avec cet esprit de rénovation et ce, en répondant à cette envie de décentralisation, et créant des Centres d'Art dramatique au Kef et à Gafsa. Sa création d'un département de théâtre au Ministère de la culture est une manière d'imposer implicitement sa maitrise. L'auteur a analysé l'apport de ces Centres, sans pour autant camoufler les limites et lacunes des expériences de Feu Moncef Souissi et Raja Farhat qui étaient les directeurs à cette époque. Dès le départ l'auteur a précisé l'approche du livre. Il a souligné que cette étude a pour objectif d'aborder l'histoire des parcours et des chemins, des structurations et des articulations qui ont caractérisé l'art du théâtre en Tunisie et non pas l'histoire du théâtre dans son processus linéaire, chronologique, etc, qui est en fait, une tâche réservée aux historiens, comme l'affirme-t-il. Il a ainsi abordé les expériences majeures, les perspectives, les approches, les esthétiques des fameux protagonistes du paysage théâtral tunisien, à l'instar du Nouveau théâtre mais aussi les autres, les différents théâtres, à savoir, le théâtre populaire, le théâtre patrimoine, le théâtre d'amateur, le théâtre universitaire, le théâtre régional... C'est un livre important dans la mesure où il rend compte des données, des évènements et des avènements qui ont caractérisé et orienté le processus de l'évolution de l'expression théâtrale en Tunisie, et offre une lecture analytique de l'ensemble des raisons et des conséquences qui ont déterminé le 4ème art en Tunisie.