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La politique au service du théâtre et ou le théâtre instrument de politique...
Publié dans Le Temps le 29 - 10 - 2016

‘Bourguiba et le théâtre' est un essai de Abdelhalim El Messaoudi, publié récemment dans Les Editions Perspective. Le livre se dresse à partir d'un ensemble de chapitres entamés par une préface et achevés par un épilogue de l'auteur lui-même. L'essai est aussi suivi d'un appendice composé de supports textuel et iconographique.
Bourguiba, c'est aussi l'esthète, l'homme féru de théâtre ! Serait-il judicieux de consacrer une étude mettant en relief une sensibilité et un savoir du genre dramatique, émanant curieusement d'un homme politique, d'un leader qui a fait couler tant d'encre ?
Théâtre et politique est en réalité une arme à double tranchant ! Mais alors, La politique était-elle au service du théâtre ou le théâtre était un instrument politique? À quel absolu, la dialectique, au sens hégelien, du théâtre et de la politique avait-elle abouti à l'époque de Bourguiba? Des questions qui ont certainement motivé un spécialiste en esthétique théâtrale à proposer une étude bien argumentée, disséquant entre autres l'apport, les défis et les limites qui déterminent le projet théâtral de Bourguiba, et ce, à partir des données historique, biographique, politique et culturelle concernant Habib Bourguiba depuis son jeune âge jusqu'à son pouvoir.
D'emblée, l'auteur s'interroge sur la reprise d'un sujet phare Bourguiba, remis au goût du jour, au lendemain de la révolution tunisienne. Il pose la problématique de ce retour incessant à cette personnalité, figure par excellence emblématique du pays et du peuple tunisien, et tente de présenter une lecture de l'engouement de l'élite à s'imprégner, s'inspirer ou imiter cette personnalité quasi mythique, autant de la part des destouriens, de la gauche avec un certain recul, et paradoxalement du parti religieux, qui dans l'obligation conjoncturelle, a tenté une certaine réconciliation avec « l'ennemi ». Cet engouement s'est répercuté sur la masse, sa mémoire populaire, qui a vu renaître des cendres et émerger de l'oubli, le leader jadis enterré dans ses tréfonds. En effet, c'est la vogue qui s'est déchaînée sur le paysage politique et culturel ces dernières années, lu en tant que refuge contre le déferlement intégriste ; ressource intarissable d'inspiration politique, et comme réconfort d'une raison d'être et de retour de personnalités d'appartenance destourienne ou néo-destourienne.
Outre qu'il soit journaliste, essayiste, Abdelhalim Al Messaoudi est docteur spécialiste en sciences de l'art et de l'esthétique. De ce fait, son recours à débattre un tel sujet de la figure politique de Bourguiba s'impose comme une évidence. Il émane d'une volonté bien justifiée pour mettre l'ancre et voguer dans l'étendu de ce sujet. Tout d'abord, c'est une question de réminiscence, un enchantement de la mémoire affective, inintelligible, renouant avec ses souvenirs d'enfance. C'est aussi une partie de sa recherche dans ses travaux de thèse. Ceci permet donc une variété esthético-historique enrichissante pour ce centre d'intérêt attirant plusieurs écrivains, historiens et essayistes.
L'auteur a focalisé sur l'auréole qui illuminait cette personnalité, l'a rendu toute imposante, toute influente, et a montré que cette qualité se nourrissait d'un savoir-faire théâtral non pas étranger à Bourguiba le talentueux, le passionné d'art dramatique. Outre la présence d'esprit, l'éloquence, l'art oratoire, il y avait aussi la gestuelle, les attitudes, l'expressivité, la lucidité, une maîtrise spectaculaire qui impressionnait tout le monde. L'auteur cherche à définir avec précision le qualificatif propre à la personnalité phénoménale qui est Bourguiba ! Etait –il « une bête de scène », un « homo spectaculum », « un charismatique ». De ce fait, Abdelhalim El Messaoudi a puisé dans les ressources intrinsèques et extrinsèques qui ont, d'une manière ou d'une autre, construit et nourrit l'Être Bourguiba qui, de surcroît, éprouvait un goût particulier pour la dramatisation, la scénographie, une esthétique recherchée lors de ses manifestations, ses discours, sa présence.
Les chapitres se dressent selon une progression logique. La genèse du discours de Bourguiba vient d'une superposition de moments cruciaux dans le temps, Bourguiba l'enfant curieux du monde théâtral par le truchement de son frère, Bourguiba le comédien, Bourguiba le spectateur féru de la Comédie Française et d'autres genres de spectacle, Bourguiba le journaliste défenseur des troupes tunisiennes et de leurs projets. Bourguiba, le leader, auteur d'un discours « manifeste » fondateur du théâtre.
Cependant Abdelhalim El Messaoudi réserve la plus grande partie à l'étude du discours de Bourguiba prononcé le 7 novembre 1962, considéré comme un manifeste de théâtre. Il est parti d'une perception sémiologique afin de définir les représentations de Bourguiba du théâtre auquel il aspirait, et de receler les visées pragmatiques que véhiculent ce discours, perçu comme « une œuvre ouverte » à la manière d'Umberto Ecco, creusant des brèches de lecture, oscillant entre le supposé et le présupposé, le parent et le latent, le dit et ses matérialisations. C'est ainsi qu'avec un regard critique, l'auteur relit les dimensions et les perspectives ainsi que les défis autour de ce « manifeste » décisif dans la politique culturelle du pays à cette époque-là. Le 4ème art était un pilier important dans le paysage culturel tunisien sous le joug de Bourguiba, de sa vision de monde, de ses aspirations et de ses appréhensions. C'est ainsi qu'entre la passion, la séduction et la manipulation, le théâtre était l'instrument à multiples fonctions.
Si le secteur du 4ème art était à son apogée à cette époque-là, est-ce que cet essai est un appel de la part de l'auteur aux responsables de la culture, au Ministère de tutelle, à repenser le projet théâtral aujourd'hui et à se réinterroger sur les lieux de décadence et d'indigence qui qualifient le paysage culturel en général et le théâtre en particulier ?


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