Depuis des siècles, l'espadon est pêché pour sa chair. Aujourd'hui, sa force et sa rapidité en font l'une des cibles préférées des adeptes de la pêche sportive. Depuis 1991, la CICTA (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) a multiplié les recommandations et établi des quotas de prises par pays, ainsi que des minima de taille et d'âge. Bruxelles préconise de surcroît une réduction du quota de 3 % par an entre 2018 et 2022, ainsi qu'une série de mesures de contrôle et de surveillance contre la pêche illégale, car la pression commerciale est forte sur cette espèce qui peut atteindre 24 euros le kilo (environ 70 D).Très convoitée, elle est actuellement pêchée principalement par les flottes, d'Italie, , du Maroc, d'Espagne, de Grèce et de Tunisie. Un groupe de travail spécifique devrait établir la répartition entre les pays pécheurs. Dans les faits cependant, ces derniers trouvent de moins en moins d'espadons à remonter sur le pont. Après une forte progression au début des années 1980 et un record atteint en 1988 avec 20 400 tonnes (t), les captures ont ensuite plafonné en Méditerranée, fluctuant entre 12 000 et 16 000 t par an, avant de chuter, officiellement, à 9 800 t en 2014.Mauvais signe : le poids moyen des prises débarquées ne cesse de diminuer partout. Le Fonds mondial pour la nature, le WWF, assure que 70 % des spécimens capturés sont des juvéniles qui n'ont pas encore atteint leur pleine croissance. Si tous les pays membres de la CICTA sont d'accord sur le quota de pêche à l'espadon, ils ne seront forcément pas d'accord sur les répartitions. Cette restriction a provoqué la colère des pécheurs tunisiens notamment ceux de Kélibia qui sont obligés d'observer une longue trêve biologique. Ce repos est imposé en raison de la surexploitation des ressources halieutiques pour éviter la destruction de cette richesse du littoral, et protéger l'espadon, une espèce à chair très estimée, à longue mâchoire en forme d'épée et grande nageoire dorsale, selon la même source. Ces espèces de poissons pélagiques continuent à être capturés jeunes, et l'état des stocks s'en ressent. « Nous sommes d'accord pour préserver la ressource d'espadon. Mais nous devons aussi protéger le pêcheur », disent ils. Le repos biologique est indispensable à la reconstitution des stocks halieutiques. Mais du côté des pêcheurs, cette mesure est mal accueillie. Ces marins pécheurs qui seront obligés de chômer de mars à octobre affichent actuellement leur inquiétude quant à l'impact de cette décision sur leurs revenus. Ils veulent faire entendre leur voix. « Non, ne nous privez pas de de l'espadon. Ce poisson est la principale capture nous permettant de faire vivre nos familles. Avec la trêve biologique, on est contraint au chômage», affirment les marins qui ont appelé à une subvention suite au repos biologique. La réponse tarde à venir. Face à cette situation ils envisagent de prendre mardi 13 février la décision d'une émigration collective vers l'Italie, une manière de chercher d'autres ressources pour subvenir à leurs besoins.