Alors qu'il visitait récemment la mythique Médina de Tunis, le président Macron avait offert un joli coup de pub à l'artisanat tunisien en revêtant, sur sa tête, une belle chéchia couleur rouge sang. Spontanée et très sympathique, sa photo avait été largement médiatisée, affolant au passage les internautes qui se sont exaltés sur la toile, pour le plus grand plaisir des artisans de la Médina. Maintenant que la ferveur est retombée, une suite sera-t-elle donnée à ce regain d'intérêt pour ce couvre-chef traditionnel qui n'a pas été épargné par l'ère de la modernité ? Apparemment oui et c'est tant mieux ! Pour en savoir plus, Le Temps est allé à la rencontre de l'artisan chaouachi à l'origine de ce buzz inattendu qui nous a livré de bonnes nouvelles. Ce n'est un secret pour personne, la chéchia, malgré son authenticité et disons-le sa beauté, n'a pas su se frayer un chemin sur la route de la pérennité. Pourtant, les nouveaux modèles, simples ou ornés d'accessoires, répondent parfaitement aux critères de la mode, se déclinant en versions homme et femmes et en plusieurs tons. Les prix sont également abordables, allant de 15 à 25 D pour un produit de qualité. Mais malgré ces efforts pour rendre la chéchia plus contemporaine et glamour, ce savoir-faire, qui remonte à quelques siècles déjà, est aujourd'hui bel et bien menacé. C'est ce que confirme Riadh Ben Youssef, maître chaouachi au souk de la médina. Il déclare à ce propos : « Dans les années cinquante, la Tunisie comptait environ 350 artisans chaouachis. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que 14 actifs. Durant tout ce temps, la chéchia a perdu du terrain, faute de communication et d'une stratégie marketing efficiente. La faute incombe surtout aux gens du métier. Il est grand temps de la remettre sur les rails pour sauvegarder et mettre en avant cette valeur sûre de notre patrimoine. » Pour ce faire, la Chambre nationale des artisans chaouachi a entrepris d'organiser un événement d'envergure qui se déroulera au mois de mai à Paris et plus précisément à l'Institut du Monde Arabe. Riadh Chaouachi déclare à ce propos : « On a demandé l'autorisation d'exploitation de la photo de Macron avec la chéchia et on espère transformer ce buzz en engouement pérenne et durable aussi bien en Tunisie qu'en France et ailleurs. L'événement de six jours s'articulera autour d'une exposition mais aussi d'une conférence retraçant l'histoire de la chéchia. Une soirée sera également organisée avec la présence de plusieurs personnalités des mondes de l'art et de la politique et les différents responsables des hypermarchés français. Enfin, 2000 chéchias seront distribuées dans l'espace public et notamment au niveau des stations de métro ou encore près de la Tour Eiffel. » Marchera, marchera pas ? Les artisans chaouachis réussiront ils cette fois-ci à revaloriser efficacement ce trésor de notre patrimoine et à relancer son business aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale ? Ce couvre-chef en laine réussira-t-il cette fois sa transition vers une image plus moderne et accessible, à l'image du dengri ou encore du maryoul Fadhila ? C'est en tout cas tout le mal qu'on souhaite à notre bonne vieille chéchia !