"Chéchia, le bonnet de feutre méditerranéen" qui vient de paraître aux Editions Cartaginoiseries est, selon son auteur Mika Ben Miled, une nouvelle édition enrichie et mise à jour sur l'histoire, la fabrication et le commerce de ce couvre-chef qui fut pendant longtemps un flamboyant attribut national. Dans la préface, Abdelmajid Ennabli précise que ce petit livre raconte la merveilleuse aventure de ce bonnet rouge, authentiquement tunisien. En effet, l'ouvrage met l'accent sur le mérite de la Tunisie, d'avoir créé dans la série universelle des bonnets, cette calotte spécifique qui fut portée par tout un peuple, toutes classes confondues et d'avoir poussé l'excellence de sa fabrication jusqu'à en faire un produit dont le succès a dépassé les frontières. Tout en décrivant ce tourbouch de rouge vif, cylindrique d'une hauteur limitée, le livre souligne la prouesse technique de sa fabrication, qui lui a permis d'orner bien des têtes. S'appuyant sur une grande documentation bien rassemblée, l'auteur a tenu ainsi à rappeler à travers ce livre illustré et annoté, ce souvenir fortement lié à la personnalité tunisienne. A travers plus de 180 pages richement illustrées, ce volume, édité en français apporte des informations pratiques notamment sur les origines de ce bonnet, sa symbolique, ses spécificités aux niveaux local, régional et national, les diverses techniques de fabrication, les motifs décoratifs et les usages anciens et contemporains, à travers une riche galerie de fresques mais aussi des portraits variés et différents. Ressemblant à un défilé de mode, l'ouvrage-album livre des images multiples de chéchias beylicales, d'autres auréolant les têtes d'hommes politiques, syndicalistes, combattants, au temps des colonies, ou de moins illustres personnages dans les cafés, mais aussi celles typiques des artistes. Le petit jeu de la chéchia : Comme ils sont heureux ceux qui se coiffent d'une chéchia" Succinct, léger mais non superficiel, ce livre consacre une partie au commerce de la chéchia qui s'épanouit en Tunisie et se développe jusqu'à connaître son âge d'Or au 18ème siècle, devenant la première industrie d'un pays promu au rang de premier fournisseur de bonnets rouges d'une grande partie du monde musulman. En le parcourant, le lecteur découvre aussi des statistiques et documents officiels, sur la législation en vigueur de nos jours fixant notamment le statut des maîtres chaouachis et leur nombre. Le livre-référence consacre tout un volet à l'émission de timbres poste dédiés à la chéchia. Une partie assez originale présente le petit souk des chéchias, cette "longue galerie pleine de secrets qui renferme jalousement ses fastes du passé et ses mystères". Se voulant un document témoin de l'époque, ce livre est pour l'auteur une sorte de contribution à la préservation d'un patrimoine humain, culturel et social, une manière de ressusciter la mémoire, retrouver l'expertise d'antan, perpétuer les traditions artisanales perçues comme des créations issues de notre patrimoine et une découverte à la fin du livre des astuces du "Petit jeu de la chéchia" (ressemblant au célèbre jeu de Monopoly) et où la case d'arrivée intitulée "Ma chéchia, tu as gagné chante" affiche "Comme ils sont heureux ceux qui se coiffent d'une chéchia".