Comme en 2016 et 2017, le mois de janvier en 2018 n'a pas failli à sa réputation d'être le mois le plus chaud en Tunisie en matière de mouvements sociaux et de manifestations populaires de protestation. Lors d'un point de presse tenu, hier, en son siège à Tunis, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a déclaré avoir enregistré 1490 mouvements sociaux et manifestations de protestation au mois de janvier 2018, soit dans l'ensemble autant qu'en 2016 et 2017, respectivement 1500 et 970 environ. Le président du Forum, Messaoud Romdhani, et le coordinateur de son observatoire social, Abdessatter Sahbani, ont souligné que le Forum a noté, néanmoins, que rien n'avait été fait au niveau du gouvernement et des autorités en général pour remédier aux causes de ces manifestations de protestation qui n'ont jamais cessé, depuis la révolution. Ils ont fait part de leur crainte de voir ce potentiel de contestation s'amplifier davantage et échapper à tout contrôle, face à la manière trop réductrice avec laquelle le gouvernement et les autorités continuent de réagir à ces mouvements, et qui rappelle en tous points celle de l'ancien régime, en les présentant comme étant des troubles orchestrés et des actions organisées par des casseurs pour voler et saccager les biens. Pour les responsables du FTDES, il s'agit, encore et toujours, de manifestations à caractère socio-économique se situant dans le droit fil de celles ayant marqué la révolution de 2011, alimentés par l'aggravation de la pauvreté, du chômage, du renchérissement continu de la vie, de la détérioration de la qualité de l'enseignement qui occasionne chaque année des dizaines de milliers d'interruption précoce des études, et des déséquilibres sociaux et économiques à tous les niveaux, de façon générale. Aussi, ont-ils dit, cette recrudescence de la contestation sociale et économique est accompagnée par une recrudescence inquiétante de la violence sous toutes les formes. Le FTDES a enregistré également 72 ca de suicide et de tentatives de suicide en janvier 2018, dont 67 soit 93% enregistrés chez des hommes et 5 , ou 7% chez les femmes. La tranche d'âge entre 26 et 35 ans enregistre le plus grand nombre de suicide, soit 67%. Mais il y a eu aussi 6 suicides d'enfants de 15 ans (3 de sexe masculin et 3 de sexe féminin). Une violence particulière a marqué au mois de janvier 2018,les manifestations de protestation organisées la nuit, soit le plus grand nombre, se traduisant par le vol et le saccage des établissements de tous types, économiques, commerciaux, éducatifs, religieux, sportifs. Cependant, toutes les formes de violence ont été enregistrées, politique, économique, sociale, sexuelle, familiale, psychologique, et autres. Au même temps, pratiquement, tous les espaces et tous les milieux sont devenus des espaces d'exercice de la violence, les routes, les lieux de travail, l'école, les stades, les espaces touristiques, les prisons, les services administratifs et autres. A cet égard, le président du FTDES a estimé que l'aggravation du phénomène de l'interruption précoce des études nourrit la violence, en jetant chaque année dans la rue des dizaines de milliers de défaillants scolaires, de moins de 18 ans, qui, trouvant les horizons bouchés devant eux, deviennent une proie facile a toutes les tentations, comme la participation aux actes de violence ou encore l'émigration clandestine.