A trois jours de la clôture des dépôts des candidatures et des listes électorales pour les Municipales qui se tiendront le 6 mai prochain, les partis politiques ainsi que les coalitions et les indépendants s'activent afin de finaliser leurs derniers préparatifs pour cette importante échéance électorale. Alors que certains partis ont préféré faire cavalier seul, certains ont opté pour des coalitions, des rapprochements et des alliances avec des indépendants. Les deux mouvements majeurs du pays, à savoir Ennahdha et Nidaa Tounes, ont trouvé une autre manière plutôt originale pour faire face à ces élections ; inverser les rôles et entrer dans une inversion de rôle plutôt vertigineuse. Après qu'Ennahdha ait désigné un ancien directeur d'un bureau régional du RCD dissout pour présider sa liste électorale à Kondar, gouvernorat de Sousse, son porte-parole, Imed Khemiri, vient d'annoncer que le mouvement islamiste a choisi un Tunisien juif, Simon Slama, pour présider ou faire partie de l'une des listes électorales du mouvement. Pour Khemiri, ce choix stratégique vient confirmer l'ouverture du mouvement sur toutes les notions de la citoyenneté qui demeure l'unique critère indépendamment des appartenances religieuses ou autres. De son côté, le dirigeant nahdhaoui Mohamed Goumani a estimé que les minorités religieuses doivent être traitées à pied d'égal avec la majorité musulmane et qu'Ennahdha comptera d'autres juifs dans ses listes surtout en vue des élections législatives de 2019. De beaux slogans que nous chantent ceux mêmes qui, à peine cinq ans de cela, ont tenté d'appliquer la charia comme principale source de la Constitution de la deuxième République. Ceux qui ont, lorsqu'ils régnaient tranquillement, répandu la haine et la division sur le principe de l'appartenance religieuse des citoyens tunisiens, tentent aujourd'hui de nous faire comprendre que le mouvement est devenu ouvert sur tous les Tunisiens indépendamment de toutes appartenances. Ennahdha ne fait, finalement, que profiter du champ libre laissé par le camp démocratique qui, lui, cherche à marquer des points sur des agendas restreints et personnels. Ceci est le cas pour Nidaa Tounes qui, cherchant désespérément à se rattraper, continue à former des listes pour le moins controversées. Après le coup de Toufik Laâribi, plusieurs structures régionales du Nidaa commencent déjà à menacer de mener des démissions collectives. Commentant cela, le président de la Commission électorale au sein du Nidaa, Anis Ghedira, a prétexté la complexité du Code électoral qui aurait obligé le mouvement à faire des choix peu acceptables. Assurant avoir déjà déposé plus de cent listes, l'ancien ministre du Transport s'est voulu rassurant et a affirmé que Nidaa Tounes fait tout pour réussir ces élections et qu'il n'aura recours, contrairement aux accusations qui le poursuivent, à aucun moyen de l'Etat pour se faire. Ce que ne dit pas Anis Ghedira c'est la plus importante scission existante actuellement au sein de Nidaa Tounes est celle qui divise les anti et les pro-consensus ; alors que la rupture officielle entre Ennahdha et Nidaa Tounes a été annoncée en fin de l'année dernière, la direction du Nidaa s'est bien évidement rétractée et cherche aujourd'hui à maintenir et à renforcer ses liens privilégiés avec le mouvement islamiste de peur de se voir totalement écartés des prochaines élections.