Tout semblait allait parfaitement bien entre le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le secrétaire-général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, jusqu'à ce que ce dernier appelle, lors d'un meeting populaire, à l'urgence d'un remaniement ministériel pour injecter du sang neuf dans l'équipe du gouvernement d'union nationale. La réponse de Chahed ne s'est pas fait attendre ; le chef du gouvernement n'a pas manqué de faire remarquer à Taboubi que de telles décisions reviennent uniquement à lui. Une réponse logique en théorie mais très loin de la réalité parce que la centrale syndicale est partie prenante dans le pacte de Carthage et, donc, dans l'assise politique et sociale du gouvernement actuel. Chahed sait très bien que s'il est lâché par l'UGTT, il perdra le contrôle de la situation et se verra contraint de gérer tous les secteurs à la fois. Mais il paraît que le jeune chef du gouvernement a fini par faire son choix et c'est au cours de son interview diffusée sur la première chaîne nationale qu'il en fait la déclaration. Pour la première fois depuis sa nomination à la Kasbah, Youssef Chahed a tenu un discours des plus flatteurs pour le mouvement de Nidaa Tounes. Ce mouvement dont il est certes issu mais qui l'a le plus fragilisé au cours de l'année dernière, surtout après qu'il ait procédé à l'arrestation de Chafik Jarraya. Le dossier de Jarraya qui compromettait plus d'un, au sein du Nidaa, est resté le point noir entre le mouvement et Youssef Chahed. L'arrestation a en effet été suivie de plusieurs rumeurs qui disaient que des députés du Nidaa, à l'instar de Sofiane Toubel ou encore de Mongi Harbaoui, qui seraient, à leur tour, inquiétés au sujet de l'affaire de la trahison de la sûreté de l'Etat. L'autre point qui a beaucoup dérangé Nidaa Tounes et qui continue de le faire est la composition du cabinet de Chahed ; Mofdi Mssedi, Iyed Dahmani ou encore Lotfi Ben Sassi sont des persona-non-grata et les avis sont unanimes là-dessus au sein de Nidaa Tounes ; avec Mehdi Ben Gharbia, ces personnes doivent impérativement partir afin de donner la possibilité à Youssef Chahed de prouver sa bonne foi envers son mouvement. Il semblerait que ce nouveau choix de Chahed n'ait pas beaucoup plu à l'UGTT et à son bureau exécutif qui s'apprêtent à présenter une liste nominative au chef du gouvernement comprenant les ministres et secrétaires d'Etat qui, selon la centrale syndicale, doivent impérativement être remplacés pour que le gouvernement retrouve ce fameux sang neuf. A côté dans les coulisses, l'évincement de Youssef Chahed devient une évidence pour certains alors que d'autres assurent que le président de la République, Béji Caïd Essebsi, continue de soutenir son protégé et que, de ce fait, personne ne pourra rien faire contre lui. Entre temps, le flou et l'incertitude continue de régner dans un pays où l'atmosphère de fin de règne devient totalement insoutenable.