L'ultime rencontre des signataires du Document de Carthage II qui a tenu en haleine le pays durant plusieurs semaines devrait sceller ce lundi le sort du chef du gouvernement, Youssef Chahed, unique point de divergence. Vendredi dernier, sur les 64 points composant le document de Carthage II portant sur le programme social, économique et les priorités du prochain gouvernement, les signataires ont convenu sur 63 points à l'exception du dernier relatif à la reconduction ou le limogeage de Youssef Chahed. L'UGTT, Nidaa Tounes, l'Union des femmes et l'UPL sont pour le départ de Youssef Chahed et optent pour un profond remaniement ministériel. Dans le camps opposé, on retrouve Ennadha, l'UTICA, Al Massar, l'UTAP et Al Moubadara qui sont attachés au maintien de Youssef Chahed et du gouvernement actuel avec quelques changements de portefeuilles ministériels. Nidaa Tounes et l'UGTT sont les plus ardents détracteurs du gouvernement de Youssef Chahed qu'ils accusent d'avoir échoué sur toute la ligne, ne disposant ni de la vision ni de la latitude nécessaires pour mener des reformes et appliquer le programme élaboré dans la réalité. On se rappelle la violente diatribe du directeur exécutif de Nidaa Tounes, Hafedh Caïed Essebsi, qui a souligné que le gouvernement de Chahed n'a rien réalisé de concret et qu'aucune bonne action ne peut être portée à son actif. Auparavant, l'UGTT avait dès le début mené une vaste campagne contre Youssef Chahed et son gouvernement demandant sans cesse à ce que "du sang nouveau soit injecté" dans la nouvelle équipe pour finir par se radicaliser en demandant le départ de Youssef Chahed. Pour les partisans du maintien de Youssef Chahed à la tête du gouvernement et Ennahdha en tête, il n'est pas question de changer le gouvernement qui est capable de mettre en oeuvre le programme contenu dans le Document de Carthage II. Toutefois, entre vendredi et lundi les choses ont évolué et les tractations ont continué pour tenter de trouver un consensus entre les positions des uns et des autres. Rached Ghannouchi a rencontré samedi Noureddine Taboubi qui, à son tour, s'est entretenu avec le coordinateur du parti Al Massar, Jounaïdi Abdeljaoued. On le voit, l'UGTT est sur tous les fronts pour faire adhérer les autres parties à sa position et les convaincre de lâcher Youssef Chahed. Même son de cloche chez Nidaa Tounes où Hafedh Caïed Essebsi a invité, samedi soir, selon des indiscrétions, les ministres du parti dans le gouvernement à présenter leurs démissions afin de faire davantage pression sur Youssef Chahed. Au niveau d'Ennahdha, le Conseil de la Choura a laissé le choix du soutien ou non à Youssef Chahed au président du parti, Rached Ghannouchi qui n'hésitera pas à monnayer âprement la carte de ce maintien afin d'engranger des avantages pour son parti dans le prochain gouvernement. Le front contre Youssef Chahed s'est renforcé avec la persistance de l'UGTT et de Nidaa Tounes à vouloir coûte que coûte la tête de l'actuel chef du gouvernement. Autre changement, le parti Al Massar qui était en faveur du maintien de Youssef Chahed, a vu sa position évoluer, semant de la sorte des divergences au sein du parti. Ainsi, l'actuel ministre de l'Agriculture, Samir Taïeb a tenu contre l'avis de son parti à assister à la réunion du Document de CarthageII ce lundi. Une décision qui a été interprétée par le coordinateur du parti Al Massar, Jounaïdi Abdeljaoued, comme une acte individuel. Il a affirmé que Sami Taïeb ne représente pas le parti mais le gouvernement, affirmant qu'Al Massar ne soutient pas Youssef Chahed mais un gouvernement qui sera appuyé par l'UTICA et l'UGTT. Bien que les soutiens de Youssef Chahed fondent comme de la neige au soleil rein n'est encore définitif. Le suspens continue et c'est l'issue de la réunion qui va nous édifier.