La Banque Africaine de Développement a rendu public lundi son rapport annuel sur les perspectives économiques en Afrique du Nord. Le rapport couvre six pays à savoir : l'Algérie, l'Egypte, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie et analyse les performances macroéconomiques de la région et ses perspectives pour 2018 et 2019. Il examine en outre le lien entre sécurité alimentaire et pauvreté dans les zones rurales. La BAD a souligné le raffermissement de la croissance dans la région qui enregistre le meilleur taux de croissance d'Afrique après l'Afrique de l'Est. La hausse des prix des matières premières a profité à certains pays dont essentiellement la Libye et l'Algérie. Le chômage reste néanmoins le hic de la région avec un taux moyen de 30,5 %, soit deux fois la moyenne régionale. Les perspectives de croissance pour 2018 et 2019 sont positives, compte tenu des réformes entreprises dans tous les pays, estime la BAD qui table sur une croissance moyenne de 5,0 % en 2018 et 4,6 % en 2019 pour la région. Une accélération des réformes structurelles serait une condition sine-qua-none à la consolidation de la croissance des pays de la région dont la Tunisie. Le ratio de la dette publique extérieur le plus élevé, après la Mauritanie En effet, la Tunisie est le 5ème pays Nord Africain à avoir contribué à la croissance globale du PIB de la région en 2017 après l'Egypte, la Libye, l'Algérie et le Maroc. Ainsi, la part de la Tunisie dans la croissance globale de la région ne dépasse pas les 2.6%. La plus petite contribution au PIB de la région en 2017 a été celle de la Mauritanie qui représentait seulement 0,5 % de la croissance de l'Afrique du Nord. D'ailleurs ces deux pays disposent d'un ratio de dette publique extérieur le plus élevé, soit respectivement 66 % du PIB et 64 % du PIB. « La vulnérabilité à l'endettement extérieur de la région Afrique du Nord a été aggravée par la faible performance économique des pays. Le ralentissement de la croissance dans la région est associé à une accumulation accrue de dette extérieure », souligne le rapport. Selon la BAD la croissance nationale devra atteindre 2.8% en 2018 et 3.5% en 2019. Toutefois, ces prévisions restent tributaires de la capacité du pays à conforter et poursuivre la croissance de son secteur réel amorcée en 2017, notamment de l'industrie manufacturière et non manufacturière ainsi que des services marchands. Dépréciation du dinar de 104% par rapport au dollar EU Le rapport a mis en exergue, l'enchaînement de déficits primaires liés à l'augmentation des dépenses courantes (en particulier la masse salariale de la fonction publique), d'où le creusement de la dette publique (70 % du PIB fin 2017 contre 39,7 % en 2010), principalement libellée en devises, et la dépréciation du dinar de 104% par rapport au dollar EU au cours de la même période. « Cette forte chute a contribué à alimenter l'inflation en renchérissant le coût des importations et a contraint la Banque centrale de Tunisie (BCT) à durcir sa politique monétaire en augmentant le taux du marché monétaire (TMM) à 5,22 % en septembre 2017 contre 3,9 % en 2012. », explique la même source. « Les vulnérabilités macroéconomiques se sont aggravées. La dette publique est estimée à 70 % du PIB à la fin de 2017, le compte courant affiche un déficit à deux chiffres, et les réserves internationales de la Banque centrale ont baissé », ajoute le rapport. « Sous réserve d'une accélération des réformes structurelles, d'une montée en puissance de l'appareil industriel pour répondre à la demande extérieure, et de l'atténuation du caractère cyclique de la croissance du secteur agricole, le PIB pourrait croître au taux de 2,8 % en 2018 et 3,5 % en 2019. Parmi les défis que doivent relever par les autorités tunisiennes, la BAD préconise entre autres : la réduction des subventions à l'énergie, la levée des principaux obstacles à la croissance et à la création d'emplois – notamment en simplifiant le cadre réglementaire pour résoudre les problèmes de prêts non productifs et de gouvernance des banques publiques outre l'élargissement de l'accès des petites et moyennes entreprises au financement bancaire et l'adoption d'un plan pour stimuler de nouvelles industries à fort potentiel compétitif, susceptibles d'absorber le vaste réservoir de travailleurs qualifiés sous-employés du pays.