Plaque tournante du tourisme dans le sud tunisien, la ville de Tataouine est fortement réputée pour les somptueux Ksour qui l'entourent et qui remontent aux siècles derniers et aussi, pour les villages berbères situés aux sommets des collines et montagnes environnants ; Chenini, Guermassa et Douiret, le point de mire de notre Sud. Artistes confirmés et jeunes talents Cette mythique région aux frontières du désert, a accueilli du 23 au 25 mars 2015, peintres et sculpteurs, tunisiens et étrangers, pour trois jours d'aventure et d'échange artistique, non seulement à Tataouine ville, mais aussi à Chenini, Guermassa et Douiret, dans le cadre de la première édition de « Tataouine peint », organisée par un collectif de peintres, de journalistes et d'amoureux d'art, à leur tête, Habib Bouhawel, (coordination), Saad Mhazras, (coordinateur Tataouine), et Hamadi Ben Neya (commissaire de l'exposition). L'objectif premier de cette manifestation, était de créer une plateforme et un pont, entre les artistes vivant dans la capitale et ceux de Tataouine qui repose, comme on le sait, sur un bon vivier de jeunes talents émergents, en manque de nouvelles opportunités et d'encadrement. Plus d'une vingtaine d'artistes (peintres et sculpteurs) se dont déplacés de Tunis jusqu'à Tataouine, pour participer à cet événement tenu à la même période que le festival des Ksour. Ils sont : Houda Ajili, Ai Arafa, Mona Belhaj, Sihem Ben Arbia, Hamadi Ben Neya, Habib Bouhawel, Aurore Carrière, Nissaf Chkondali Hassani, Monia Dridi Fakhfafh, Lorie Guilbert, Sameh Habachi, Yousra Hambli, Aicha Ibrahim, Kaouther Kassou Jellazi, Amor Jomni, Imen Khemadja, Tatiana Kudriavzeva Lo ludice, Mohamed Melki, Ilhem Sbai Chaabane, et Saad Mhazras, aux côtés des jeunes de la région: Rami Laabar, Mohamed Hentech, Mahmoud Ghrab et Zid Assel, pour ne citer que ceux-ci. Nasamo-Samo Le vernissage de l'exposition, (le 23 mars2018) qui se poursuit jusqu'à fin avril, s'est déroulé en deux parties, puisque deux espaces ont été investis pour accueillir les tableaux et sculptures des artistes ; celui de l'hôtel Sangho qui a remplacé le Complexe culturel de Tataouine, (retiré à la dernière minute par les autorités culturelles locales pour des raisons qui ne tiennent pas debout), et la galerie de Saad Mhazras, qui porte le nom berbère de « Nasamo- Samo ». Nasamo , « en référence à l'antique tribu berbère, qui la première, s'est opposée aux conquérants romains », nous explique-t-on, et « Samo » renvoie à la signature de Jean Michel Basquiat, l'artiste underground new yorkais et véritable idole de Saad, pour ses graffitis sur les murs de la ville de New York. Bel et original espace, haut perché dans les hauteurs de Chenini, creusé à même la roche, puisque c'était une ancienne habitation berbère, la galerie d'art « Nasamo- Samo » a été inaugurée il y a deux ans, ( décembre 2016), par le ministre de la culture, M. Mohamed Zinelabidine, sollicité cette fois encore, pour honorer de sa présence, le vernissage de l'exposition, « Tataouine peint ». Louable initiative de la part du ministre qui a promis d'apporter toute l'aide nécessaire de son ministère, pour que la galerie se transforme en un édifiant pôle culturel qui rayonnera sur toute la région. Car, ce n'est pas facile de sortir de l'ombre pour les artistes « handicapés » qui travaillent en solitaire, en silence et sans soutien, comme c'est le cas de Saad, artiste autodidacte et figure emblématique de Chenini. Voué et converti à sa passion depuis plus de 25 ans, Saad ouvre aujourd'hui la voie pour une osmose entre des univers artistiques multiples et différents, en usant de tous ses efforts malgré des moyens limités et un cadre pas facile à gérer. Amor Jomni et Aicha Ibrahim, honorés Grâce à « Tataouine peint », deux illustres artistes ont été honorés. Il s'agit du maître calligraphe et graphiste d'envergure internationale, Amor Jomni, auteur de « Lahn Al Kainat », un livre qui présente des extraits de poèmes du grand poète Aboul Kacem Chebbi, préfacés par Mabrouk Mannaï, traduits en anglais par Ameur Ghedira, en français par Samir Marzouki et calligraphiés par Amor Joumni en caractères arabes maghrébins. Et de l'universitaire, Aicha Ibrahim, pour l'ensemble de son œuvre, tant littéraire qu'artistique. Aicha qui peint et expose depuis des années, est l'auteur de plusieurs publications, dont « Le silence du bleu de la mer », (nouvelle, 2000), « Le miroir des formes », (essai 2004) et « Le Sarment, une saison à Kerkennah, (roman 2009). En clôture à cet événement, Habib Bouhawel a annoncé la décision de créer une sculpture monumentale qui sera placée à Tataouine. La conception de la maquette sera confiée à Amor Jomni, et la réalisation en sculpture géante, à Hamadi Ben Neya pour une période ne dépassant pas les 6 ou 7 mois de travail. En voila une très bonne nouvelle... A suivre ! La région qui vient par ailleurs d'accueillir le ministre de la Culture, a connu en cette fin du mois de mars, une animation sans précédent, avec l'inauguration de la Bibliothèque publique à Ksar Oulèd Soltane, du Centre national des cultures orales, de l'Institut régional de musique et du Centre des arts dramatiques et scéniques. On avait aussi proclamé par la même occasion, la tenue à la Cité de la Culture, des « Journées de Tataouine ». Cette région du Sud qui « bouge » sera prochainement dans nos murs.