L'instance vérité et dignité mise entre parenthèse, les auditions suspendues et les criminels se la coulent douce ! C'est le sentiment des familles et proches des martyrs et blessés de la Révolution, exprimé mercredi dernier, devant le palais du gouvernement, e réclamant vivement la publication de la liste définitive des victimes au Journal officiel de Tunisie (JORT). Celle-ci a été finalisée par la commission spéciale des martyrs et des blessés de la révolution qui est parmi les quatre commissions spéciales créées au sein de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) depuis 2015 et qui relève du comité supérieur des droits de l'Homme et des libertés fondamentales (CSDHLF). En effet, la non-diffusion de cette liste est de nature à protéger les coupables et faire oublier les crimes en permettant à leurs auteurs de la sorte et échapper à la sanction. Omission ou réticence ? Les familles des victimes, tiennent à poursuivre les responsables des crimes et cela nécessite que leur culpabilité soit établie de manière intangible et indubitable. Il est donc essentiel de diffuser la liste des victimes, afin de permettre à leurs familles d'enclencher la procédure tendant à la connaissance de la vérité et à établir le lien de causalité entre les faits, et les dommages subis, en vue d'une juste réparation. Ce retard à faire paraître la liste est considéré par certains observateurs comme un moyen dilatoire afin d'éviter de dévoiler la vérité sur les coupables. Parmi les familles des victimes, certaines ont perdu leurs enfants abattus par des tirs de balles par des cadres sécuritaires qu'ils ont identifiés. Aussi ont-ils demandé le transfert des dossiers les concernant aux tribunaux compétents. Toutefois, et selon la plupart des observateurs, il s'agit d'une réticence qui s'est perpétuée de gouvernement en gouvernement depuis 2015. La commission des martyrs et blessés de la Révolution, ont transmis les éléments nécessaires, dont la liste des victimes, à l'exécutif, conformément à la procédure et ce sont les gouvernements successifs qui ont manifesté une certaine nonchalance dans le but de retarder le processus juridique tendant à connaître la vérité en vue de poursuivre les coupables. Qui sont les coupables ? Selon le 30e rapport de la Cour des Comptes présenté à la presse il y a environ un an, (juin 2017) La liste des martyrs et blessés de la révolution se compose des morts en prison et des nouveaux nés. Le président du CSDHLF, Taoufik Bouderbala a remis dernièrement au président de la République le rapport de la Commission sur les résultats des travaux du Comité supérieur des Droits de l'Homme. Le document a comporté une copie finale de la liste des martyrs et blessés de la Révolution devant être publiée par la présidence du gouvernement au JORT. Il est temps de faire publier cette liste afin de permettre aux familles des victimes d'entamer la procédure tendant à la poursuite des coupables et à la réparation des dommages. Que justice soit faite !