C'est confirmé, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) organisera, dimanche 15 avril, un grand rassemblement ouvrier présidé par son secrétaire-général, Noureddine Tabboubi, à Sfax pour défendre les droits et les acquis des travailleurs. Dans un communiqué publié hier, la centrale syndicale a expliqué que ce mouvement s'opposera aussi aux plans du gouvernement concernant, entre autres, les réformes prévues pour le secteur public. Intervenant sur l'une des chaînes télévisées privées, Noureddine Tabboubi est revenu sur la question de la privatisation des entreprises publiques affirmant que le gouvernement est dans une opération préméditée puisque les acquéreurs de quelques-unes de ces sociétés seraient déjà prêts et attendraient juste le feu vert de la part des autorités. Pour le secrétaire-général, le gouvernement est en train de présenter de faux prétextes pour expliquer son recours à la privatisation. Alors que l'équipe gouvernementale explique que le problème est essentiellement causé par les impôts, le secrétaire-général de l'UGTT a affirmé que les entreprises publiques ne bénéficient en aucun cas des impôts payés par les privés qui ne sont redevables que de 30% pour les impôts. Quelques jours auparavant, le ministre auprès du chef du gouvernement chargé des grandes réformes, Taoufik Rajhi, a déclaré que la question de la privatisation des entreprises publiques est un faux débat puisque le gouvernement de Youssef Chahed n'a, à aucun moment, songé à la question de la vente des entreprises publiques, mais qu'il prépare un plan de restructuration de certaines d'entre elles qui souffrent de problèmes financiers. Ainsi, ni la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (STEG), ni la Société des transports de Tunis (TRANSTU), ni l'Office national de l'assainissement (ONAS) et encore moins la Société nationale de l'exploitation et de distribution des eaux (SONEDE) ne sont sur le point d'être vendus selon le ministre. Evitant toutefois de revenir sur la délicate question de la Régie Nationale du Tabac et des Allumettes (RNTA) – dont la privatisation serait imminente – Taoufik Rajhi a tenté, tant bien que mal, de calmer les esprits en reportant un débat qui se posera tôt ou tard. Si le gouvernement choisit de reporter la question de la privatisation de quelques entreprises publiques, cela ne lui éviterait certainement pas la confrontation avec l'UGTT qui semble être déterminée à aller jusqu'au bout. D'ailleurs, la centrale syndicale vient de rejeter officiellement l'invitation du gouvernement pour participer à la journée de travail dédiée aux grandes réformes qui se tiendra aujourd'hui même. Dans une déclaration médiatique, Ghassen Kssibi, chargé des médias à la centrale syndicale, a expliqué que le gouvernement a adressé l'invitation samedi après midi oubliant que le lundi est un jour férié et laissant à ses destinataires à peine 24 heures pour s'organiser et préparer les dossiers nécessaires à un tel débat. Taclant le gouvernement sur sa désorganisation, Ghassen Kssibi s'est carrément demandé si une équipe incapable de bien préparer une journée de travail peut être assez qualifiée pour se lancer dans un programme prônant de grandes et importantes réformes d'ordre, essentiellement, économique. Le boycott de la rencontre vient ainsi renforcer l'idée que la centrale syndicale est bien partie dans son idée d'évincer le gouvernement actuel au profit d'un autre qui serait plus à même de conduire le pays aux élections de 2019.