Noureddine Taboubi : «Il n'y aura pas de privatisation des entreprises publiques. Il y aura en revanche, au cas par cas, des restructurations de ces entreprises, pour qu'elles puissent jouer à la fois leur rôle économique mais aussi social» Si le gouvernement et l'Ugtt affichent une parfaite harmonie des positions, certains dossiers restent encore non résolus, à l'instar de la situation des caisses. «Sur les principales questions, nous sommes d'accord, affirme Iyed Dahmani, et nous avons, en outre, formé des équipes de travail conjointes pour trouver des solutions sur des dossiers particuliers» Une rencontre au sommet a réuni hier à La Kasbah les représentants du bureau exécutif de l'Union générale des travailleurs tunisiens (Ugtt) et les représentants du gouvernement, avec à leur tête Youssef Chahed. Les deux parties y sont allées avec tout leur poids en raison de l'importance des enjeux, au moment où l'Assemblée des représentants du peuple continue à examiner le budget de l'Etat. La centrale syndicale semble donc avoir bien choisi le moment pour rendre audibles ses revendications. A l'issue de la réunion qui a duré plus de quatre heures, le secrétaire général de l'Ugtt, Noureddine Taboubi, est apparu avec le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, l'air serein. Taboubi a qualifié la réunion de «positive» et elle aurait permis de «clarifier les positions» des uns et des autres. Il a annoncé qu'un certain nombre de dossiers ont été résolus. Dans les prochaines heures, un document conjoint sera rendu public. Il détaillera l'ensemble des points de convergence entre un gouvernement contraint de faire des concessions et une centrale syndicale qui a appris, avec le temps, que «la force de négociation» valait mieux que «la force de la rue». Noureddine Taboubi a affirmé que le gouvernement s'est engagé à rompre avec toutes les formes précaires de travail à l'instar des mécanismes 16 et 20 qui commenceront à être démantelés à partir de cette année. «Nous avons également convenu de régulariser la situation des travailleurs de chantier, précise le secrétaire général de l'Ugtt. En mars 2018, une stratégie claire devra être prête à être appliquée afin d'aboutir à une régularisation de la situation des travailleurs de chantier embauchés au lendemain de la révolution». Le secrétaire général de l'Ugtt a affirmé, par ailleurs, que la rencontre a été l'occasion de voir le gouvernement prendre deux engagements majeurs. D'abord qu'il n'y aura pas dans l'immédiat une augmentation des prix des produits alimentaires de base. Les membres du bureau exécutif du principal syndicat tunisien ont en effet demandé au gouvernement de maintenir la pression contre la hausse des prix et de stabiliser le pouvoir d'achat du Tunisien. Ensuite, et contrairement aux annonces, faites pourtant par de hauts conseillers et ministres de Youssef Chahed, il semble que la privatisation des entreprises publiques, même celles évoluant dans des secteurs concurrentiels, ne soit pas à l'ordre du jour. « Il n'y aura pas, a dit le chef du gouvernement, de privatisation des entreprises publiques, a déclaré Noureddine Taboubi lors de la conférence de presse conjointe avec Iyed Dahmani, le porte-parole du gouvernement. Il y aura en revanche, au cas par cas, des restructurations de ces entreprises, pour qu'elles puissent jouer à la fois leur rôle économique mais aussi leur rôle social». De son côté, Iyed Dahmani a confirmé les annonces faites par le secrétaire général de l'Ugtt, estimant que les deux parties sont tombées d'accord sur les principaux dossiers sociaux économiques. Mais si l'Ugtt et le gouvernement affichent une parfaite harmonie des positions, la réalité est tout autre. Certains dossiers restent encore non résolus, à l'instar de la situation des caisses sociales et les moyens de les extirper de la crise. «Sur les principales questions, nous sommes d'accord, affirme Iyed Dahmani, et nous avons, en outre, formé des équipes de travail conjointes pour trouver des solutions sur des dossiers particuliers». L'Ugtt, pour sa part, souhaite imposer au gouvernement deux débats profonds en 2018, ceux de l'éducation et de la santé publique. «2018 devra être l'année de l'école publique et de la santé publique», a tenu à réaffirmer Noureddine Taboubi en reprenant la parole. La réunion a été également l'occasion pour l'Ugtt d'évoquer la problématique de la «crédibilité des négociations». Comme à chaque réunion entre le gouvernement et le syndicat, l'application des accords précédemment conclus a été au centre des discussions. «Nous avons convenu d'un calendrier précis pour la mise en œuvre des P.-V. précédents», a toutefois déclaré Iyed Dahmani.