La Tunisie a « fêté », hier le 1er mai, en rangs dispersés et dans un climat de crise aigüe, ce qui s'est, reflété à travers les déclarations des responsables politiques, notamment, le ministre des Affaires sociales qui a affirmé, lors de la cérémonie organisée à la Cité de la Culture, à Tunis, que, malgré la conjoncture difficile, le gouvernement œuvre à honorer tous ses engagements sociaux, malgré les difficultés économiques. Devant une pléiade de politiciens, Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, a expliqué que l'Etat a honoré ses engagements relatifs à l'amélioration des salaires et a entamé au mois écoulé deux nouveaux rounds de négociations sur les majorations salariales et la révision de la grille d'impôts pour les salariés, outre l'augmentation de l'allocation accordée aux familles démunies, l'institution du droit à une pension minimale de retraite, l'élargissement de la couverture sociale et la création de programmes spécifiques du logement social. Autre son de cloche, au palais des sports d'El Menzah où des slogans hostiles au gouvernement ont été scandés quelques heures avant le démarrage des festivités marquant la célébration de la Fête du travail par l'Union générale tunisienne du travail (UGTT). L'allocution du secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, prononcée à cette occasion, a été précédée par des slogans appelant au départ du gouvernement et valorisant le rôle de l'UGTT et de ses militants dans la lutte contre le colonialisme et la dictature. A noter que l'UGTT qui a été parmi les premiers signataires du document des priorités du gouvernement "l'accord de Carthage" réclame le changement de la composition du gouvernement. Noureddine Taboubi a déclaré que l'Union rejette le politique de fuite en avant adoptée par le gouvernement qui veut, selon lui, appliquer les diktats des milieux financiers mondiaux, affirmant que l'organisation ouvrière est déterminée à faire face à toutes les tentatives visant à faire imposer ces décisions. Dans son allocution, il a réitéré la détermination à lutter contre la cession du secteur public en œuvrant à sa restructuration, l'amélioration de ses équilibres financiers, la promotion de la qualité de ses prestations et la rationalisation de sa gouvernance de manière à garantir la pérennité du service public. Il a, également, souligné que l'UGTT fera face à toutes les tentatives visant à assujettir les médias publics et à utiliser l'administration publique, tout en luttant contre le retour à la tyrannie. L'UGTT refuse, a-t-il dit, de renoncer aux accords conclus, d'attaquer l'organisation du travail et ses symboles, de nuire à son indépendance et de fixer ses domaines d'intervention et d'action. Il a, à cet égard, indiqué que "les querelles politiques déclarées et cachées se sont accrues dans le contexte des prochaines élections municipales, estimant que "tous les gouvernements n'ont pas réussi à faire face à l'aggravation de la crise économique étouffante dont souffre le pays". Selon les statistiques, les Tunisiens estiment, a-t-il dit, que le pays fait fausse route et que la situation matérielle des ménages s'est dégradée par rapport à l'année écoulée. Taboubi a, en outre, évoqué l'augmentation sans précédent de l'endettement général et extérieur (plus de 70%), l'accélération des taux d'inflation à un niveau record en mars dernier (7,6%) en raison de la propagation du commerce parallèle et de la spéculation, notamment, au niveau des circuits de distribution et la dévaluation du dinar à ses plus bas niveaux, entrainant un ralentissement économique ainsi que la baisse de l'investissement, de l'emploi et des recettes fiscales. Selon Taboubi, l'UGTT qui a, toujours, réussi à surmonter "les crises fabriquées", se tiendra toujours aux côtés des travailleurs et de la défense de leurs intérêts en vue de promouvoir leurs conditions de vie, réaliser la justice sociale, défendre les services publics, en particulier l'école publique, la santé publique, le logement social et les transports publics.