Dimanche dernier, au stade de Florence, la Fiorentina décidait d'organiser une troisième mi-temps, comme cela se fait au rugby. C'est à dire que les joueurs locaux s'alignaient pour applaudir et serrer la main aux adversaires qui rentrent aux vestiaires. Un tour de force, car, la veille, la Ligue italienne ne donnai pas son aval. Mais, au lendemain de cet acte de grande sportivité, de grande émotion surtout, la Ligue se retractait. Mieux: au début de l'année prochaine, toutes les rencontres du Calcio seront suivies de leur troisième mi-temps. Pourquoi cette troisième mi-temps à Florence? Car le monde du football a été secoué par la mort de Madame Prandelli, entraîneur de la Fiorentina, une dame que le cancer a rongée durant trois ans, au point qu'aux premiers mois, Prandelli dut démissionner de la Roma pour soutenir sa femme. Dimanche dernier, tout le stade du "Franchi" était debout pour applaudir l'entrée sur le terrain de Prandelli. Des bouquets de roses (roses) lui pleuvaient dessus. L'Inter gagna (2-0). Mais son entraîneur aurait aimé ne pas gagner, ce jour-là. Sauf que les lois du Calcio sont impitoyables. Mais cette troisième mi-temps marqua un tournant historique. Le Calcio a été bâti sur la haine. Sur le régionalisme. Sur le trafic d'influence. Les pots de vin. Et pour tout dire sur la corruption. Assez souvent la violence a grondé. Il n'y a pas très longtemps, un supporter de la Lazio était tué par une balle perdue, tirée par un policier. Les agressions verbales, les déclarations incendiaires sont par ailleurs légion. Le tout Milan avait fêté la chute de la Juventus en deuxième division. Et l'été dernier, alors que Milan s'apprêtait à jouer la finale européenne contre Manchester, Mancini entraîneur de l'Inter et son président, le pourtant gentleman, Moratti refusaient de prononcer un vœu pour les cousins-ennemis. Il a donc fallu la mort, j'allais dire le martyr de madame Prandelli pour que le Calcio découvrît qu'il y a quelque chose de bon en lui. Le sport fait partie des valeurs essentielles, des valeurs humaines. Le chauvinisme et la haine n'y ont donc guère de place. A l'évidence, nous sommes encore loin de ces valeurs. J'en ai bien vu qui étaient malheureux parce que l'Etoile remportait le sacre africain. Et d'autres parce que le Club Sfaxien gagnait, à son tour, un autre sacre africain! C'est malheureux, ce n'est peut être pas grave, mais c'est dangereux. Et ultime avatar d'un imaginaire sportif tunisien débridé voilà que des Espérantistes, à coups de mail accusent Slim Chiboub de traîtrise car il a déclaré être "honoré de faire partie du comité de la FIFA pour la Coupe du monde des clubs au Japon" et qu'il sera le premier supporter de l'Etoile!!… Il n'en fallait pas davantage pour que des chauvins espérantistes l'accusent de trahison. Mais des "traîtres" comme ça, le football tunisien en a vraiment besoin.