- Après longuement bataillé contre le cancer, la militante patriote et intègre s'est éteinte, hier, dans le calme et la sérénité, faisant ses adieux à une scène politique démocratique pour laquelle elle a bataillé. Maya Jribi, née le 29 janvier 1960 à Bou Arada (Tunisie) et décédée, à la suite d'une longue maladie, hier 19 mai 2018, est une femme politique tunisienne. Elle est biologiste de formation. De père originaire de Tataouine et de mère algérienne, Jribi avait suuivi ses études à Radès où elle a habité, puis, de 1979 à 1983, à la faculté des sciences de Sfax où elle avait milité au sein de l'Union générale des étudiants de Tunisie (UGET). Elle adhère à la section de Sfax, de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH) au début des années 1980 et collabore également à l'hebdomadaire indépendant Erraï (L'Opinion), puis à Al Mawkif. Au début des années 1980, elle devient membre du groupe d'études sur la condition féminine du Club culturel Tahar Haddad et participe à l'Association tunisienne de lutte contre le cancer. De retour à Tunis en 1983, elle participe à la création du Rassemblement socialiste progressiste (RSP), fondé la même année par l›avocat Ahmed Néjib Chebbi. Le RSP est devenu en 2001 le Parti démocrate progressiste (PDP), l'un des principaux partis de l'opposition tunisienne. En 1986, elle devient l'une des rares femmes membre du bureau politique du parti. De 1986 à 1991, elle est responsable des collectes de fonds et de la communication à l›Unicef. En 1996, elle devient chargée d›études à l›Institut Laamouri, un bureau d›études et de marketing, où elle devient directrice générale et spécialiste en études qualitatives en 2001. Maya Jribi est élue le 25 décembre 2006 à la tête du PDP, succédant ainsi à Chebbi qu'elle présente comme son «compagnon de route». Elle devient ainsi la première femme à diriger un parti politique tunisien et la deuxième au Maghreb à la tête d'un parti composé majoritairement d'hommes, après l'Algérienne Louisa Hanoune. Jribi et Chebbi suivent, du 1er octobre au 20 octobre 2007, une grève de la faim pour protester contre la décision judiciaire prise le 1er octobre d'expulser leur parti des locaux qu'il occupe au centre de Tunis. Un compromis est finalement trouvé avec le propriétaire qui abandonne les poursuites en contrepartie d'un nouveau contrat de bail, lui qui avait jugé abusive l'utilisation des locaux qu'il loue au journal Al Mawkif, mais qui servent en fait de siège au PDP. Lors de cette grève de la faim, elle se trouve très affaiblie et souffre de «graves désordres biologiques». Le 23 octobre 2011, elle est élue membre de l'Assemblée constituante dans la circonscription de Ben Arous. Elle présente sa candidature à la présidence de l'assemblée constituante le 22 novembre ; elle est cependant vaincue par le secrétaire général d'Ettakatol, Mustapha Ben Jaafar, qui est élu par 145 voix contre 68 en sa faveur. À la suite de l'annonce de la fusion du Parti démocrate progressiste, avec notamment Afek Tounes et le Parti républicain, elle est élue, le 9 avril 2012, comme secrétaire générale de la nouvelle formation dénommée «Al Joumhouri» lors du cinquième et dernier congrès du PDP. À l'occasion de l'ouverture du congrès d'Al Jomhouri, le 3 février 2017, elle annonce son retrait du secrétariat général du parti. En 2014, Maya Jribi reçoit les insignes de chevalier de l'Ordre tunisien du Mérite. En 2015, elle est décorée des insignes de commandeur de l'Ordre de la République tunisienne, remis par le président de la République tunisienne à l'occasion de la Journée nationale de la femme. En 2018, le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme lui rend hommage pour son parcours politique militant.