Données personnelles et protection de la vie privée sont devenues des leitmotiv, afin de déroger de la meilleure manière aux règles de droit d'accès à l'information qui n'est pas aussi bien compris par les parties concernées. Conséquence, tout le monde est en train de tourner en rond et des personnes indignes en profitent pour poursuivre, parfois, des œuvres malfaisantes, sans se soucier de la loi ou des instances chargées de la régulation de certains secteurs. Aujourd'hui, c'est la Banque centrale de Tunisie (BCT) qui invoque ce droit de réserve et qui se cache derrière les prérogatives que lui accordent la loi, afin de ne pas soutenir une enquête réalisée par la Haute autorité indépendante de l'audiovisuel (HAICA), pour ne pas lui remettre des données relatives aux transferts d'argent à des établissements médiatiques. Réagissant de la manière la plus arrogante, la BCT affirme que, suite aux déclarations faites concernant son refus de communiquer à la HAICA les données qu'elle détient sur les transferts d'argent vers les établissements médiatiques, ces informations «s'inscrivent dans le cadre de ses missions en tant qu'autorité de surveillance et de ses activités en matière de contrôle de l'application des procédures de change». Toutefois, ces transferts sont effectués depuis un temps déjà assez long et aucune réaction n'a été constatée concernant ces agissements, de même qu'aucun éclaircissement n'a été donné sur cette affaire, ce qui implique que l'établissement financier national n'a pas accompli sa mission ou, pire encore, il laisse faire impunément certaines pratiques douteuses. Dans un communiqué publié, vendredi, la BCT précise «qu'elle est tenue par la loi à ne pas divulguer ces informations en dehors de ce cadre, sauf dans les cas d'exception prévus par la loi ou sous réserve de l'autorisation des parties concernées». La BCT avait expliqué à la HAICA les raisons pour lesquelles elle ne peut lui confier les informations demandées, précise la même source, ajoutant que le Décret-loi N° 2011-116, relatif à la liberté de la communication audiovisuelle et portant création d'une Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle, ne donne, en effet, pas à cette autorité le droit d'obtenir les données soumises au secret professionnel. On a le droit de penser, donc, que la BCT estompe l'affaire en usant d'une argumentation sur ses prérogatives, sans, toutefois, expliquer si elle a le droit d'enquêter et de dévoiler de possibles malversations à qui de droit et, principalement, à la justice qui doit être la seule partie qui doit trancher. Ainsi, avec les prérogatives dont elle dispose, la BCT peut permettre certains écarts, comme cela s'est passé du temps de l'ancien président, avec des personnes qui entrent dans ce temple de l'argent, comme dans un moulin, pour échanger des devises. D'autres informations, non encore confirmées, circulent sur « des activités douteuses » au sein de cette institution et qu'à cet effet certains hauts responsables sont, soit sous les verrous, soit faisant l'objet d'une enquête. Entretemps, de telles pratiques coûtent cher au pays, comme c'est le cas avec l'affaire de la Banque franco-tunisienne, où l'Etat doit payer des compensations astronomiques, en raison de la manière dont avait été géré ce dossier. Sans parler, aussi, du classement du pays sur certaines listes noires, alors que la BCT n'avait rien fait pour anticiper, malgré le nombre astronomique d'experts dont elle dispose. Faut-il donc attendre des déluges plus dévastateurs, afin que cette institution réagisse un peu et soit plus réceptive ?