Le 28 mai dernier, le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a suspendu les concertations autour du Pacte de Carthage 2, après que les participants n'aient pas pu trouver d'arrangement au sujet du 64e point du Pacte relatif à la composition gouvernementale actuelle et, surtout, relative au sort du président du gouvernement, Youssef Chahed. En suspendant les concertations en question, le président de la République a mis fin à l'incertitude sur la scène politique avant que son fils, Hafedh Caïd Essebsi, ne prenne part au jeu dépassant son père et appelant au limogeage de Chahed du palais de la Kasbah. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts et Chahed a « remis » le fiston à sa place grâce à un discours qu'il a fait diffuser via la première chaîne nationale. Quelques jours plus tard, Youssef Chahed a marqué un autre point en limogeant le ministre de l'Intérieur, Lotfi Brahem, largement critiqué pour avoir annoncé son intention de pourchasser les non-jeûneurs qu'il a qualifiés de minoritaires du peuple. Toutefois, le mouvement de Nidaa Tounes et l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) continuent de faire pression pour qu'un remaniement ministériel ait lieu. Ils poursuivent, en outre, leurs efforts pour voir un autre gouvernement prendre les rênes de la Kasbah. Des pressions qui sont, peut-être, derrière la reprise, qui serait imminente, des négociations, tout juste après l'Aïd. Dans ce cadre, il serait peut-être utile de rappeler le cadre dans lequel sont survenues les discussions du nouveau pacte de Carthage. A l'époque, le pays était sérieusement menacé par de grandes protestations, initiées à l'encontre de la loi de finances de 2018, qui ont vite viré vers des incidents de violences nocturnes. Rien que dans le grand Tunis, plusieurs commerces et grandes surfaces ont dû fermer leur portes face à la situation sécuritaire défaillante. Face au chaos, le président de la République a cru bon de rassembler les signataires du Pacte de Carthage cherchant, à l'époque du moins, à renforcer le gouvernement pour qu'il puisse faire face aux événements de janvier 2018. Quelques semaines plus tard, l'objet des concertations a complètement changé de voie et il est devenu question de remplacer le gouvernement par une autre équipe qui s'engage à ne pas se présenter aux élections de 2019. Toujours dans les rappels utiles, le premier à avoir lancé l'appel pour que Chahed ne se présente pas aux mêmes élections a été Rached Ghannouchi, chef du mouvement islamiste d'Ennahdha, lors d'un passage à Nessma TV, le 1er août 2017. Pour sa première apparition en costume-cravate, le chef des islamistes tunisiens a clairement conditionné son soutien au chef du gouvernement par l'intention de ce dernier de se présenter au non à la Présidentielle de 2019. Quoiqu'il en soit, on ne pourrait plus parler de stabilité politique en Tunisie tant que le gouvernement actuel n'arrive toujours pas à retrouver le soutien de Nidaa Tounes et de l'UGTT ; les deux signataires qui tiennent le plus à évincer du gouvernement Chahed...