Le naufrage au large de Kerkennah, le 8 octobre 2017, a fait de nombreuses victimes et avait fait couler beaucoup d'encre, et le procès a commencé, mercredi. Pourtant, les accusés auraient dû être plus nombreux, à commencer par les politiciens qui n'ont rien fait, depuis la pseudo-révolution et avec sept gouvernements consécutifs, pour atténuer l'acuité du chômage et du désespoir des jeunes Ce premier naufrage aurait être exploité à bon escient pas la classe gouvernante, mais rien n'a été fait et ce drame a été suivi d'un autre plus meurtrier, parce que les passeurs et les volontaires de l'émigration clandestine avaient cru que Kerkennah n'est plus sous l'autorité de l'Etat. On a cru, à tort ou à raison, et les investigations vont le montrer, le capitaine du patrouilleur militaire qui, selon l'avis de tous, n'a fait qu'appliquer les directives de ses supérieurs et des autorités en place. La chambre criminelle du tribunal militaire de Sfax a tenu mercredi la première audience du procès du naufrage de l'embarcation des migrants clandestins survenu le 8 octobre 2017 au large des iles de Kerkennah, suite à sa collision avec un patrouilleur de la marine nationale, rapporte le correspondant de l'agence TAP. Le juge d'instruction militaire avait inculpé, le 17 mai dernier, le capitaine du patrouilleur militaire et le passeur des clandestins du naufrage de l'embarcation, selon le procureur militaire. Celui-ci avait indiqué que le juge d'instruction militaire a déféré les deux accusés devant la chambre criminelle du tribunal militaire de première instance à Sfax pour «crimes non prémédités, négligence, violation des lois et blessures involontaires». Pourtant, le juge aurait dû dissocier les deux accusations, parce que capitaine du patrouilleur n'est pas au même niveau que le passeur, criminel endurci faisant des bénéfices aux dépens de la vie des personnes, a commis ses actes en toute connaissance de cause, avec pour seul but le profit matériel. Les avocats des famillesdes victimes qui ne sont pas aussi innocentes qu'on cherche à faire croire, surtout qu'elles avaient accepté d'envoyer leurs enfants vers une mort probable ont demandé le report du procès et la convocation du chargé du contentieux de l'Etat, au nom du ministère de la Défense responsable du dédommagement des préjudices dus au naufrage. Le correspondant de l'agence TAP n'a pu toutefois obtenir confirmation du report du procès auprès des autorités concernées et des avocats. La première audience du procès s'est déroulée sous forte présence militaire aux environs du tribunal et d'un grand nombre des membres des familles des victimes originaires de différentes régions du pays, notamment Bir Ali Ben Khalifa, qui a enregistré le plus grand nombre de naufragés. Le bilan du drame s'est élevé à 46 victimes alors que 38 personnes avaient été secourues. Personne n'a cherché de tirer les leçons de ce drame qui a été suivi par un autre naufrage, celui d'une embarcation transportant des migrants clandestins qui s'est produit également au large des îles de Kerkennah début juin courant, faisant 84 morts. Toutefois, il faut retenir que la marine tunisienne n'est pas impliquée dans cette affaire.