Augmentations salariales dans le secteur public et régularisation de la situation des ouvriers des mécanismes 16 et 20, des fichés par la police et des travailleurs de chantier au menu Une réunion de haut niveau est prévue, aujourd'hui, entre une délégation syndicale conduite par le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, et une délégation ministérielle conduite par le président du gouvernement, selon un communiqué rendu public hier par l'organisation ouvrière. Les négociations sociales dans le secteur privé ainsi que l'activation de l'accord conclu le 27 novembre 2017 entre les deux parties figurent à l'ordre du jour de cette réunion cruciale. L'accord en question porte essentiellement sur la régularisation de la situation des ouvriers des mécanismes 16 et 20, des fichés par la police et des travailleurs de chantier. Selon les analystes, cette réunion devrait marquer une décrispation des relations tendues entre le président du gouvernement et la puissante centrale syndicale, qui figure parmi les signataires de l'accord de Carthage. Au creux de la vague et dépourvu du soutien de la plupart des partis représentés à l'Assemblée des représentants du Peuple (ARP), Youssef Chahed tente à travers ce coup de poker de poker de faire d'une pierre deux coups. Un réchauffement des relations avec l'UGTT permettrait d'abord au locataire du Palais de la Kasbah, dont le départ à été réclamé par la quasi-totalité des acteurs politiques à l'exception notable du mouvement Ennahdha, et de regagner le précieux appui de l'organisation syndicale forte de quelques 750.000 affiliés. L'engagement que prendrait le président du gouvernement à lancer un nouveau round de négociations sociales dans le secteur privé et à activer l'accord du 27 novembre 2017 lui permettrait d'autre part de s'acheter la paix sociale dans un contexte politique et sociale tendu. L'UGTT a réitéré récemment son appel au limogeage du président du gouvernement, Youssef Chahed, lequel n'a pas, selon l'organisation «trouvé les solutions à même d'assurer une sortie de crise». Les réunions de signataires de l'accord de Carthage avaient été suspendues fin mai dernier par le président de la République suite à un désaccord sur le 64ème point du document relatif au départ du président du gouvernement. Ce point a été approuvé par l'ensemble des signataires du document qui définit le programme de l'actuel gouvernement d'union nationale à l'exception du mouvement islamiste Ennahdha, qui plaide pour le maintien de Youssef Chahed au nom de la stabilité politique du pays. La centrale syndicale avait, par ailleurs, mis en garde mardi sur les conséquences sociales dangereuses de la hausse des prix du carburant et de certains produits de base. «Toute nouvelle augmentation des prix des produits de base, y compris les produits subventionnés, les médicaments ou même les services sociaux comme le transport, constituera un facteur d'aggravation des tensions sociales dont seul le gouvernement et la coalition au pouvoir assumeront la responsabilité», a-telle souligné dans un communiqué incendiaire, tout en rappelant qu'elle défendra le droit à la protestation pacifique. L'organisation a dénoncé d'autre part la non-application des accords signés avec le gouvernement et le non-respect de la politique de négociation collective, en violation de la Constitution tunisienne et des conventions internationales régissant le dialogue social. Elle a notamment exprimé dans ce cadre son attachement à l'application de l'accord du 27 novembre 2017 qui prévoit notamment la régularisation de la situation des ouvriers des chantiers et des anciens étudiants fichés par la police en raison de leurs activités politiques et syndicales. A noter cependant que le secrétaire de l'UGTT avait affirmé, samedi dernier, que l'organisation syndicale n'a «aucun différend personnel avec le chef du gouvernement, mais uniquement avec la performance de ce gouvernement», laissant ainsi la porte ouverte à un éventuel changement de position en ce qui concerne le départ du locataire de la Kasbah.