L'artiste poète et photographe Marianne Catzaras expose actuellement à la galerie « Le Violon Bleu » à Sidi Bou Saïd un ensemble de photos en noir et blanc et en couleurs sous le thème de : « L'éternité, un arbre. » Elle donne à réfléchir en silence le monde d'aujourd'hui. Elle « réinvestit le présent avec le prisme du passé...avec une intemporalité qui marque une identité temporelle précise qui est l'éternité », comme elle l'a expliqué récemment dans une interview accordée à notre confrère « La Presse. » Marianne Catzaras fixe l'arbre et particulièrement l'olivier qui l'accompagne dans ses pérégrinations à travers des villes, des îles et des villages méditerranéens. Son acte de photographier fixe-t-il le temps, l'éternité et le silence ? Le regard du visiteur ne devrait point rester au premier degré. Car la photographe semble dialoguer avec lui pour l'introduire dans son champ du regard, de l'investigation, des remarques et des critiques sur ce que vit le monde d'aujourd'hui plus exactement celui des migrants légaux ou illégaux qu'on ramène chez eux et de force. « Dénoncer les injustices de toutes parts, c'est ça aussi l'histoire des arbres » affirme également Marianne Catzaras dans cette même interview pour expliquer ses choix et ses buts. L'arbre n'est donc qu'un prétexte pour toucher au fond des choses qui font mal. L'exposition qui occupe les deux niveaux de la galerie « Le Violon Bleu », haut perchée sur la colline du village de Sidi Bou Saïd épouse ce lieu mythique qui donne sur la mer Méditerranée. Et que l'on soit sur l'une ou l'autre des deux rives, la sensation demeure la même pour raconter la vie par images interposées. Les pieds de l'olivier baignent dans l'eau de mer. Le rapprochement est suggestif. La scène est pittoresque. « Un jour, une image », comme le titre d'un tableau, allons-nous dire en regardant et en contemplant cette scène unique que Marianne Catzaras n'a pas laissé échapper et a éternisé via son téléobjectif. C'est « L'envers du monde » qui s'offre en quelque sorte à notre regard, comme sur l'une des photos. Les titres choisis pour ses travaux par la photographe nous guident allègrement. Nous sommes « Sur le balcon du monde » regardant non sans étonnement des faits effarants. Et dans cette belle exposition à voir et à lire au second degré, c'est « L'écume des jours » qui nous poursuit. Comme dans un mouvement d'aller et venue des vagues. Une citation anonyme dit d'ailleurs que « L'homme n'est assuré de sa vie ni de sa mort, il est fragile autant que feuille de bananier ou écume sur les eaux. »