Ils sont huit, venus d'horizons divers, pour se retrouver sur les cimaises de la galerie Ghaya, au pied d'un des plus beaux villages du monde, à Sidi Bou Saïd. Est-ce la magie des lieux qui a joué ? Est-ce la grâce du saint patron des lieux ? Le fait est que, pour cette deuxième exposition collective de photographes, le ton n'est plus à la vindicte non plus qu'à la violence, mais à la catharsis, «effet purgatoire des passions, produit sur les spectateurs d'une représentation dramatique». Au-delà de la réalité tourmentée qui inspirait les photographes de la précédente exposition, «En quête», les huit plasticiens réunis se proposent davantage de revoir notre environnement quotidien sous forme d'une quête de bien-être. Alors, certes, les photos sont différentes, les regards variés, les approches multiples. Mais tous semblent s'être accordés pour transmettre émotion, poésie, harmonie, chacun à sa manière. Mohamed El Baz, le marocain, invité d'honneur de la galerie, y occupe place d'honneur : pour lui, on a changé l'agencement, créant une cimaise nouvelle qui occulte le reste de l'espace et met en valeur son travail : une théorie de jeunes gens, de blanc immaculé vêtus, l'allure altière, le regard conquérant, portant dans leur main....un cœur sanguinolent. Ont-ils le cœur sur la main ou la main sur le cœur, sont-ils là pour redonner du cœur à une jeunesse désenchantée, la métaphore est à la discrétion de chacun. Youcef Krache, l'algérien, invente, en noir et blanc, un monde nouveau où l'espoir peut survivre. Il le peuple de messies et de prophètes annonciateurs de temps de sérénité Hichem Driss, le tunisien, a choisi l'arbre sacré, celui qui, dans son feuillage, unit toute la méditerranée : l'olivier immémorial, appartenant à la mémoire commune de tous les peuples Hela Ammar, la tunisienne, travaille sur la transe. Elle noie son personnage dans une danse des cheveux, une incantation sacrée, se réapproprie les codes orientalistes pour en offrir une lecture qui n'est plus dans le rejet, mais dans l'assimilation, l'acceptation et la recréation Akayorias, le marocain, a capté l'instant de la prière dans la rue, un instant de communion et de partage, mais aussi un tableau esthétiquement fort de couleurs, de construction et d'équilibre. Khaled Akil, le syrien, présente un travail hybride, entre la photographie et la peinture. Par-dessus la photographie, il accumule des couches de manuscrits anciens ou des symboles religieux. Ses œuvres où l'oiseau revient hanter l'espace comme un symbole d'espoir et de paix, sont autant de requiems pour la Syrie. Les huit photographes, différents par leurs styles, proches par leurs propos, nous offrent un bel ensemble