Après les fraîches soirées du mois de juin, l'été a enfin fini par pointer le bout de son nez avec des chaleurs caniculaires dépassant les 40°. Des chaleurs que seules l'électricité et l'eau potable peuvent apaiser, si seulement on pouvait en bénéficier à volonté comme au beau vieux temps ; pour l'électricité, il vaut mieux que chaque consommateur se rappelle la facture avant toute utilisation (les récentes augmentations ont fait que l'électricité est devenue presqu'un luxe) alors que pour l'eau potable, il faut déjà avoir la chance d'habiter dans une région épargnée des «accidents humains» qui provoquent des coupures indéterminées. Cela est le cas pour les habitants de certaines zones du Grand Tunis et du gouvernorat de Nabeul qui, à cause d'un accident survenu lors des travaux de la ligne RFR au niveau de la cité Ezzahrouni, seront privés d'eau potable pour une durée indéterminée par la SONEDE qui a annoncé que l'importante panne est en train d'être réparée. Le ministre de l'Equipement, de l'habitat et de l'aménagement du territoire, Mohamed Salah Arfaoui, a tenté à expliquer que la situation n'est pas aussi dramatique qu'elle ne le paraît en affirmant que l'accident en question était prévisible et qu'on a même évité le pire. Rappelant que l'infrastructure des quartiers touchés par l'incident n'est pas solide, Mohamed Salah Arafaoui a déclaré que l'erreur est humaine et que les établissements publics et privés responsables de cette panne sont en train de mener les réparations nécessaires activement. Peu importe si l'eau potable est coupée, parce que nous avons bien d'autres chats à fouetter comme la pénurie des médicaments. Tant niée par les autorités compétentes, le manque des médicaments en Tunisie est devenu un fait constant de notre quotidien ; acheter des médicaments pour une maladie chronique, un virus ou un produit de «luxe» est devenu une affaire de réseautage : si on connait les bonnes personnes, on aura aucun souci à nous procurer ce qu'il nous faut mais, par contre, si nous sommes livrés à nous-mêmes et qu'on n'a pas de familles ni d'amis qui vivent à l'étranger, acheter des produits pharmaceutiques devient un vrai supplice. Mais ceci n'est pas grave, parce qu'au final, nous avons réussi notre transition démocratique et la Tunisie continue toujours à être l'exception des pays du Printemps arabe... Il suffit tout-de-même de jeter un coup d'œil sur la Libye, le Yémen ou encore la Syrie ! Cependant, même notre seul acquis des événements du 14 janvier 2011, soit la transition démocratique pour certains et la liberté d'expression pour d'autres, est sérieusement remis en question aujourd'hui ; quelques jours après la tenue des élections municipales, le Conseil de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) a voté pour le départ du président, Mohamed Tlili Mansri. Un président propulsé à ce poste après des mois de querelles à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) qui ont nécessité plusieurs reports des Municipales. Hier, Mohamed Tlili Mansri a fini par craquer et déposer sa démission au bureau d'ordre de l'ISIE, exactement comme l'a fait son prédécesseur, Chafik Sarsar. Une démission qui survient à quelques mois des élections législatives et de la Présidentielle de 2019 ce qui n'augure rien de bon ni de sain pour la suite de cette chère transition démocratique. Au pays de la révolution et de la libre parole, on ne trouve plus d'eau ni de médicaments et encore moins du lait, mais on continue quand-même à dénoncer les menaces portant sur les seuls petits acquis qui nous reste.