L'issue de la crise vécue par le mouvement Nidaa Tounès, pour la énième fois, depuis les élections législatives et présidentielle précédentes, ne pointe pas le bout du nez et elle risque, cette fois-ci de lui porter un coup fatal. Les scissions se multiplient dans ce parti qui aurait pu être l'espoir d'une Tunisie moderniste et qui va de l'avant. Mais, hélas, les intérêts personnels et partisans, avec un mouvement Ennahdha, un parti qui se veut son allié, ont provoqué l'implosion de Nidaa. Le principe dit que le linge sale se lave en famille. Mais, Nidaa Tounès a donné la preuve qu'il n'est pas une famille, même politique, avec, en plus, l'étalage des problèmes au grand jour, ce qui provoque le désespoir des citoyens quant à la possibilité pour ce parti de conduire le pays vers la zone de sécurité. D'ailleurs et depuis les élections, le parti a prouvé qu'il n'a aucun programme politique et que les élections étaient son objectif final, ce qui a donné la latitude au mouvement Ennahdha d'occuper la place et de se positionner en tant que force incontournable. En plus Nidaa étale son linge sale au grand jour, offrant des arguments et des occasions à ses adversaires pour lui donner l'estocade. L'instance politique de Nidaa Tounès a fixé au 29 et 30 septembre prochain le 2e congrès du parti, a annoncé le mouvement politique mercredi soir dans une déclaration rendue publique au terme de sa réunion tenue au siège du parti. Et cette décision ne semble pas avoir recueilli l'assentiment de Hafedh Caïd Essebsi et de ses partisans qui sont partis en campagne contre les auteurs de cette déclaration. L'instance a décidé également de former un comité préparatoire du congrès dont la composition sera annoncée lors de sa prochaine réunion après concertation et en association tous les courants, ajoute la déclaration. Elle a invité les "militants et militantes du parti, ceux qui ont contribué à sa création et à sa victoire lors des élections de 2014 à resserrer les rangs derrière le mouvement en cette circonstance difficile et prendre part activement à la préparation et au succès du prochain congrès". L'instance politique a réaffirmé qu'elle "assume le rôle exécutif et est responsable de la direction collective du parti jusqu'à la tenue du congrès, en vertu de l'article 22 du statut et de l'article 24 du règlement intérieur du parti". Elle a annoncé par ailleurs la désignation d'Ons Hattab porte-parole officiel du parti, conformément à l'article 24 du règlement intérieur qui stipule que le porte-parole doit être un des membres de l'instance politique. "La réunion de mercredi est une continuité de la réunion tenue lundi dernier pour examiner la situation au sein du parti et ses structures, les revers qu'il a connus et les dérapages qui ont conduit à la marginalisation de ses institutions centrales, régionales et de base", ajoute la déclaration. L'instance politique se compose de Sofiene Toubal, Zohra Idriss, Moncef Sallami, Mohamed Ramzi Khémaies, Abderrahouf Khammassi, Ons Hattab, Mohamed Ben Souf, Taieb Madani, Khansaa Ben Harrath, Ahmed Zaglaoui et Taher Battikh, indique-t-on de même source. Le porte-parole de Nidaa Tounès, Mongi Harbaoui avait déclaré qu'une délégation des députés du parti a été reçue mercredi par le président de la République Béji Caïd Essebsi pour "clarifier certaines positions", en allusion aux derniers différends au sein de la direction du parti. Mongi Harbaoui a estimé que "des parties à l'intérieur de Nidaa Tounes agissent selon leurs propres intérêts et ne se sont pas conformées aux positions officielles du parti". Il a indiqué à ce propos que les déclarations récentes du président du groupe parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubel, et le post publié par le dirigeant du parti Abderraouf Khamassi "ne représentent pas les positions officielles du parti". En réaction à cette réunion, à laquelle n'a pas pris part des dirigeants de Nidaa Tounes, y compris son directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi, Harbaoui a déclaré que les déclarations sur la réunion de l'instance politique du pays "sont des opinions personnelles qui n'engagent que leurs auteurs, notamment pour ce qui concerne les grandes questions nationales en relation avec le gouvernement". De son côté, le dirigeant du mouvement Khaled Chaouket a déclaré qu'il "n'existe pas de structure appelée instance politique au sein du mouvement Nidaa Tounes". Le torrent risque d'emporter tout le monde. L'important, maintenant, est de séparer entre la graine et l'ivraie, afin de trouver ce qui est bon pour le pays et, si possible, permettre de remettre Nidaa Tounès à flots, surtout qu'il n'existe pas, actuellement, d'autre parti pour faire face à la montée du mouvement Ennahdha qui fait cavalier seul sur la scène politique, avec fermeté et intelligence.