La fin de la semaine a été intense pour Nidaa Tounes: tandis que le clan de Hafedh Caid Essebsi organisait son congrès consensuel à Sousse – en la présence du président de la République et celle du chef du mouvement d'Ennahdha – le camp de Mohsen Marzouk a fait une réelle démonstration de force au Palais des congrès à Tunis. Sousse ou l'illusion de la réussite Sousse a connu une forte présence des dirigeants et militants de Nidaa Tounes. Bochra Bel Hadj Hmida, députée ayant fait partie du groupe des trente et un, a rejoint le congrès en annonçant qu'elle a dû faire ‘le choix le plus difficile de sa vie'. Vingt quatre heures plus tard, la députée a annoncé sa démission et celle de sept autres députés du mouvement. Cependant, et selon une déclaration accordée au Temps, Bochra et ses sept collègues ne quitteront pas le bloc parlementaire du Nidaa. Les récents démissionnaires ne s'identifient pas à l'initiative menée par Mohsen Marzouk et préfèrent continuer à travailler au sein du bloc du Nidaa afin de continuer à être ‘efficaces'. De son côté, et contrairement à toutes les attentes, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Taïeb Baccouche, s'est absenté de la rencontre. Le nouveau porte-parole du Nidaa, Abdelaziz Kotti, est revenu sur cette absence en assurant que Baccouche ne fera pas parti du nouveau comité politique du mouvement, vu les nouvelles responsabilités qui l'attendent à la tête de l'Union du Maghreb. Et d'ajouter que l'ancien ministre des Affaires étrangères sera toujours le bienvenu au sein du mouvement. Le jour de l'inauguration s'est bien déroulé pour les congressistes. Les problèmes ont surgi le lendemain quand est venue l'heure de mettre les points sur le i. En effet, le congrès a été suspendu pendant plus d'une heure et ce à cause des fortes protestations de quelques personnes qui se sont opposées au fait qu'un règlement intérieur soit imposé à l'ensemble du mouvement sans qu'il soit discuté article par article. Cela sans oublier que quelques personnes ont déserté les lieux après l'intervention de Rached Ghannouchi qui a avancé que l'alliance Nidaa/Ennahdha est devenue une alliance stratégique ayant un brillant avenir. Cependant, et à la fin du congrès, les dirigeants du camp de HCE ont fini par désigner les nouveaux décideurs ; Hafedh Caïd Essebsi: directeur exécutif du mouvement et membre du secrétariat général, Selma Elloumi Rekik: chargée des affaires financières, Boujemâa Remili: chargé de la coordination avec les partis et le gouvernement, Abdelaziz Kotti: porte-parole du mouvement. Raouf Khammassi: chargé des Tunisiens à l'étranger, Ridha Belhaj et Khemaïes Ksila: chargés des affaires politiques, Sofien Toubel: chargé des structures, Ahmed Zaglaoui: chargé de la formation, Kacem Makhlouf: chargé des jeunes, Nasser Chouikh : chargé de l'organisation et de la logitique. Mohamed Souf: chargé des affaires sociales, Faouzi Elloumi: chargé des relations avec l'ARP, Ons Hattab: chargée des femmes. En novembre dernier, Béji Caïd Essebsi avait misé sur la Commission des treize et sa feuille de route pour regrouper les rangs du mouvement miraculeux qu'il a fondé en 2012. Au final, cette feuille de route n'aura servi qu'à accentuer le clivage qui divise le mouvement depuis des mois. La présence du chef de l'Etat à un congrès pareil nuit non seulement à son image en tant que garant du respect et de la bonne application de la Constitution mais aussi, et surtout, à son image du père fondateur de Nidaa Tounes. Le coup de grâce était la présence de Rached Ghannouchi – que certains considèrent comme nécessaire pour légitimer celle du président de la République tandis que d'autres assurent qu'elle est totalement obligatoire vu que les autres partis de la coalition au pouvoir ont été représentés à leur tour au cours de la rencontre – au congrès et son discours qui n'a pas manqué de provoquer la colère d'une partie considérable des sympathisants du Nidaa. Normalement, et si tout va bien d'ici là, la prochaine date phare pour Nidaa Tounes est celle du mois de juillet où devrait se tenir le congrès électif qui déterminera, définitivement, les nouveaux dirigeants de ce qui reste du mouvement. A Tunis, l'ironie a régné Selon des sources policières, le palais des congrès a rassemblé plus de quatre mille personnes lors du meeting populaire organisé par Mohsen Marzouk. L'ancien secrétaire-général de Nidaa Tounes a réussi à faire passer correctement son message. Derrière lui, lors de son allocation, était accroché un petit portrait de Béji Caïd Essebsi. Un portrait qui a dérangé la foule qui a commencé à crier ‘enlevez-nous cette photo'. Aucune annonce n'a été faite par Marzouk qui a déjà tenu une conférence de presse, mercredi ayant précédé son meeting, où il a annoncé que son parti ou front (puisqu'il dit n'a pas encore décidé de la nature de sa mouvance) sera annoncé le 2 mars. Cependant, une large action a été lancée sur les réseaux sociaux ayant pour appellation : Je suis le projet. Marzouk, fidèle à lui-même, s'est permis d'ironiser sur la présence de Béji Caïd Essebsi au congrès de l'autre camp et l'a invité, publiquement, à assister au congrès constitutif de son prochain projet politique en mars prochain. En début de cette semaine, Mohsen Marzouk compte dix neuf députés qui ont démissionné pour le rejoindre. Si le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple valide leur démission, ces députés formeront la troisième force du Parlement derrière le bloc de Nidaa Tounes et celui du mouvement d'Ennahdha qui reprend sa première place. Cependant, Mohsen Marzouk a déjà perdu quelques-uns de ceux qui l'ont soutenu au début: Lazhar Akermi, ancien ministre au gouvernement d'Habib Essid et figure médiatique influente, a quitté le navire avant même le commencement de l'aventure. Jusqu'à présent, Akermi n'a pas voulu se prononcer sur les raisons de son départ. A sa fondation, Nidaa Tounes en a séduit plus d'un vu qu'il regroupait autour de lui des figures représentant des tendances diversifiées. Cette distinction est devenue un handicap tout juste après l'avènement du mouvement au pouvoir et sa division était plus que prévisible.