La dernière création « Hors villes 2» de Bahri Ben Yahmed, démontre une fois de plus la créativité de ce chorégraphe . Ce jeune artiste tunisien n'est plus à présenter dans le milieu artistique, de la danse surtout. En quête perpétuelle de nouveauté et d'un nouveau public, le chorégraphe Ben Yahmed avec son équipe, a investi l'espace tout entier du centre culturel d'Hammamet pour présenter sa dernière création : une nouvelle pièce multidisciplinaire qui marie danse, chant et musique. Son travail est une expérimentation basée sur le rapport corps, musique et nature. Loin des approches conceptuelles nihilistes, les corps des danseurs citoyens, se veulent une alternative pour des expressions homogènes et en osmose avec leur monde. Un spectacle ambitieux et puissant. « Hors villes 2» a tenu en haleine le public car la danse fait partie de sa vie, de sa culture, elle concerne tout le monde. Un spectacle ambitieux et puissant. C'est un spectacle multinational ou se rencontrent Tunisiens, Suisses, Russes et Scandinaves pour harmoniser et unir des sphères corporelles et des héritages de mouvements divers et riches. Sans préjugé, et loin des conflits civilisationnels, ces corps se rencontrent, se mélangent et surtout se cherchent une unité basée sur l'humanisme, la différence et la diversité. « « Résister pour moi, c'est danser. Il faut danser sinon nous sommes perdus .Vivre ensemble commence par danser ensemble. La danse, nous permet de nous rappeler à chaque fois, qu'on est vivant.La danse est un acte de résistance qui restaure la relation du corps avec son environnement, son espace, son mouvement au quotidien. Ce corps se veut utile. Il agit et réagit. C'est sur l'échange, le partage et les valeurs artistiques contemporaines que se base « Hors villes 2 » qui essaie de valoriser l'aspect corporel, et le corps dans son environnement, dans la nature. Quand danser « hors les murs », en rupture totale avec les conventions, devient une forme de résistance sur des territoires assombris par l'obscurantisme, l'action artistique se conjugue à la première personne du militantisme et de la citoyenneté. Le corps dans l'espace public est un engagement en soi, alors aspirer au changement des mentalités sociétales devient le front de tous les possibles» souligne Bahri Ben Yahmed. Le voyage est autant poétique que chorégraphique, il revendique un regard sur une Tunisie au présent et témoigne du travail effectué par les chorégraphes : démystifier les artifices de leur danse, les transformer pour retrouver le sens poétique et donner une émotion sincère à la création contemporaine. Ce voyage chorégraphique unit des langages différents, à l'écoute l'un de l'autre. Les corps dansants se rejoignent, préservant leurs racines chorégraphiques au cœur d'une musique qui devient le terrain commun de leur rencontre. On attend avec impatience de savourer cette création conçue par des chorégraphes autodidactes dont les univers sont véritablement uniques dans le paysage de la danse actuelle ! Les danseurs suisses, Fillipo Armati, Maria Vlasova, Rebecca Weingartner, Benjamin Lindh Medin, les tunisiens Bahri Ben Yahmed, Aymen Amdouni, Mohamedd Ali Guezani tentent parfois de sortir du mouvement qui les écrase et se remettent debout, écoutant la musique comme un appel lointain du passé. Puis ils repartent. Ils veulent se libérer. C'est la détente, le contact et le partage .Tout est parfaitement maîtrisé, les lumières , les décors mobiles qui créent des recoins, mais les corps sont comme des chevaux rebelles ruant en tous sens jusqu'à la mer pour clôturer ensemble en beauté cette danse et écouter la bonne musique de Bachir Dabouss, Heni Belhammadi, Ghassen Ghrissi, Jasser Hasnaoui, Ghazi Benward, Rami Rjaibi et Mohamed Amine Chenni . Bref, «Hors villes 2» est une performance tantôt chorégraphique tantôt musicale hors des sentiers battus.