*Ghazi Chérif, Directeur du projet parle des aléas et des problèmes imprévisibles mais qui sont résolus au fur et à mesure et au cas par cas. Tunis est le principal pôle d'activité économique du pays. Les centres urbains sont situés des deux côtés des banlieues Nord et sud de la capitale. L'intensification des échanges entre les deux rives y a renforcé la circulation. Le projet du pont Radès - La Goulette doit assurer une liaison directe entre les deux banlieues. Quels sont ses objectifs ? Quelles sont ses composantes ? Quelle est la part des Tunisiens dans sa mise en œuvre ? Certains parlent de retards dans la réalisation. Qu'en est - il réellement ? Ghazi Chérif directeur du projet répond aux questions du Temps et sans détour.
Le Temps : Quels sont les objectifs du projet ?
Ghazi Chérif : Le projet avec ses 14,6 km de routes dont 2 km d'ouvrages a pour objectif d'assurer une liaison directe, permanente et rapide entre la banlieue nord et la banlieue sud de Tunis. Il vise à supprimer la rupture du trafic au niveau de la traversée du canal de navigation. Un autre objectif est de créer une ceinture pour la banlieue nord de façon à éviter la traversée de la Goulette et du Kram. Ces deux grands objectifs vont induire un impact important pour les utilisateurs et les non utilisateurs du pont.
*Qu'en est-il de ses impacts?
- Il s'agit de soulager le trafic sur l'entrée sud de la capitale, le viaduc de la République, la GP1. Il va réduire le trafic au niveau de la traversée de la ville du Kram et de la Goulette. Un autre point positif : créer une liaison entre les deux ports de Radès et la Goulette et faciliter leurs accès aux routes structurantes. L'accès aux infrastructures publiques, touristiques et industrielles des deux côtés sera facilité.
*Où commence l'itinéraire du tracé et où s'achève t-il ?
- Le tracé prend origine à la MC33, la route du bac du côté de Radès au niveau de la cité Ennour, 300 mètres avant la centrale électrique. Le tracé passe par les Berges du Lac - sud à l'ouest du port de Radès. Il traverse le canal de navigation de Tunis et la ligne du TGMTunis - La Marsa. Il continue derrière la centrale électrique de la Goulette, empreunte la digue du lac nord pour aboutir au niveau de la foire du Kram assurant ainsi la liaison avec la voie expresse La Marsa - Gammarth.
*Quelles sont ses composantes ?
-Le projet a été démembré en cinq lots. Le premier est le pont principal. Il s'agit de l'ouvrage de franchissement du canal de navigation Tunis- La goulette. C'est un pont à hauban ( soutenu par des câbles extérieurs) en caisson en béton précontraint de longueur 260 mètres avec 3 travées : 70 - 120 - 70 mètres et dont le tirant d'air se situe à 20 mètres du niveau d'eau. Il permet ainsi de dégager une emprise navigable de 70 mètres fois 20 mètres en direction du futur port de plaisance de Tunis. Le pont a une largeur de 23,5 m. Il est constitué de deux fois deux voies et une bande d'arrêt d'urgence de chaque côté, ainsi que d'un terre plein central pour abriter les deux tours qui culminent à environ 43 mètres au dessus de la mer. Une autre caractéristique : c'est un pont nouveau. C'est la première fois qu'il se fait en Tunisie. En plus, il s'asseoit sur des fondations très profondes. Le deuxième lot concerne la liaison sud. Il est d'une longueur de 2,6 km qui permet la liaison entre l'AMC 33 côté Radès jusqu'au pont principal. Ce lot comprend deux ponts de longueur cumulée de 600 mètres. Le troisième lot est un échangeur sur le lac nord qui assure le trafic dans tous les sens entre le pont principal et la voie expresse Tunis - la Goulette. La caractéristique de ce lot est que l'emprise de l'échangeur est à gagner sur le lac. Ce qui a nécessité le remblaiement de 18 ha du Lac, en plus du traitement du sol vu ses médiocres qualités mécaniques. Le quatrième lot concerne une route d'une longueur 5,5 km qui assure la liaison de la voie expresse à la route rapide Kram - Gammarth. Ce lot comprend deux ouvrages de longueurs cumulées de 75 mètres. En fin, le cinquième lot concerne l'éclairage public.
*Le coût est -il très élevé? Comment sera - t -il financé ?
-Le coût est de 140 millions de dinars. Le financement est tuniso-japonais, dans les proportions respectives de 25 et 75%.L'apport japonais est sous la forme d'un prêts à long terme.
*Et la participation tunisienne dans sa réalisation ?
-Les entreprises tunisiennes ont les lots 4 et 5. Les entreprises japonaises ont les autres lots. Elles ont confié une grande partie du travail en sous - traitance à des entreprises tunisiennes. On peut estimer que la part totale des entreprises tunisiennes ( directe et indirecte ) est supérieure à 70%.
*Le projet a démarré en août 2004. Sa réalisation doit durer trois ans. Certains observateurs parlent de retard...
-L'avancement global est de 45%. Les trois ans sont calculés sans tenir compte des aléas climatiques. En principe, l'exploitation est prévue au courant du deuxième trimestre 2008 et ce, à cause des difficultés générées par l'extrême sensibilité du site et du projet. Une autre raison derrière le retard réside dans les rajouts nécessités par les travaux. Les problèmes sont en train d'être résolus au fur et à mesure, c'est-à-dire au cas par cas. L'essentiel est d'achever le projet avec la fonctionnalité et la qualité requise dans les meilleurs délais. L'importance du projet et ses grands défis techniques peuvent justifier quelques mois de retard. C'est marginal. Propos recueillis par Hassine BOUAZRA